FidjiLe Premier ministre éjecté du pouvoir
Après seize ans à la tête du gouvernement, Frank Bainimarama est poussé vers la sortie par l’opposition.
L’opposition fidjienne est parvenue mardi à un accord pour former un gouvernement de coalition, ont indiqué des responsables politiques du parti social-démocrate. Cette annonce marque la fin des seize années au pouvoir du Premier ministre Frank Bainimarama. Le petit parti social-démocrate (Sodelpa) a affirmé que son bureau avait voté par 16 voix contre 14 en faveur d’une coalition conduite par Sitiveni Rabuka, ancien chef du gouvernement et deux fois putschiste. C’est lui qui devrait devenir le prochain Premier ministre de cet État du Pacifique.
Les détails sur l’accord final de coalition n’étaient pas encore clairs. Mais Rabuka et ses alliés au sein de la nouvelle coalition ont signalé avant le scrutin leur désir de distendre les liens avec la Chine, de laquelle Bainimarama s’était rapproché. Alors que la nouvelle commençait à circuler, des soutiens de Rabuka entonnaient de joyeux chants polyphoniques à l’extérieur de son siège de campagne.
«Nous allons célébrer ce soir»
Des klaxons de voitures retentissaient et des militants dansaient dans les rues en brandissant des cônes de signalisation, des châles et des pancartes. Elijah Rokoderea, soutien de Rabuka, a déclaré qu’il était soulagé de voir Bainimarama évincé du pouvoir et avoir envie de «célébrer» la nouvelle. «Cela fait seize ans que ce gouvernement oppressif (est en place). On ne peut même pas organiser de manifestations», a-t-il déclaré depuis le siège de campagne de Rabuka.
Le vigile Mitele Tuqiri s’est quant à lui dit en extase. «Nous allons célébrer ce soir, et puis demain cela continuera.» Bainimarama est arrivé au pouvoir en 2006 à la faveur d’un coup d’État, avant de remporter plus tard deux élections pour légitimer son pouvoir. Son gouvernement a fréquemment utilisé la justice pour écarter des opposants et réduire au silence ses détracteurs et les médias.
Bainimarama ne s’est pas exprimé en public depuis le vote de mercredi. Le scrutin n’avait pas permis de départager les deux principales forces politiques, aucune ne parvenant à obtenir une majorité au Parlement.