JO 2022 - Plein d’eau pour en mettre plein la vue

En février, sur les hauts de Zhangjiakou, où se déroulent les épreuves de ski freestyle d'un côté de la vallée et de ski nordique de l'autre, il neige en moyenne 6 centimètres dans le mois. Depuis que les journalistes ont débarqué dans le coin il y a bientôt deux semaines, ils ont eu droit à deux mini-averses de neige, bien vite balayée par le vent. Il faut dire quand l’endroit est considéré comme un zone semi-aride...

Alors comme il fait très froid mais que rien ne tombe du ciel, il faut canonner en début de saison pour avoir une couche blanche à même d'accueillir de Jeux olympiques. Et aussi pour les touristes censés se mettre au ski alpin grâce aux JO, quand le Covid laissera les lieux un peu tranquilles. Du coup, il faut de l'eau, beaucoup d'eau pour que les pistes soient skiables. Et un peu aussi pour blanchir les abords des pistes, histoire que ce ne soit pas ridicule.

Pour enneiger toutes ces pentes, ces pistes et ces tremplins, il a fallu la bagatelle de 185 millions de litres d'eau juste pour Zhangjiakou et alentours. Une broutille, quand on compare ça, par exemple, au total de 89 mille milliards de litres d'eau dans le Léman. Lors des dernières fortes précipitations en Suisse, il était tombé 27’000 milliards de litres d'eau dans le Lac de Neuchâtel. Ca calme?

Moyennement, parce qu'à Pékin, dans la plaine, un habitant n'a accès qu'à 300 mètres cubes d’eau (300'000 litres) par an et par habitant…

Jamais dans l'histoire des Jeux il n'avait fallu recourir à 100% de neige artificielle. Mais la différence c'est que dans le coin, quand vous canonnez un coup, la neige a une chance de rester longtemps. La première semaine de ces Jeux d'hiver s'est déroulée intégralement dans des températures négatives. On a même frôlé les moins 25 degrés certaines nuits. Il suffit donc «juste» de remettre quelques coups de canon pour refaire une nouvelle couche quand on en a envie.

En Valais, où les stations de moyenne montagne sont dans le dur – comme partout ou presque en Suisse ou en Europe occidentale – et où la température est montée comme rarement cet hiver – isotherme du zéro à 3764 mètres le 31 décembre dernier! –, 40% de la surface des pistes sont recouverts d’or blanc artificiel.

Mais on estime qu'enneiger une grosse station comme Verbier demande environ 350'000 mètres cubes d'eau par année, soit 35 millions de litres. Un cinquième des deux sites en-dessus de Zhangjiakou. On va pouvoir faire comme si pendant encore une grosse semaine, parce qu’ils annoncent quelques pets de neige dimanche et ensuite –25° la nuit. Et ça risque bien de tenir, forcément, il y a une couche de fond!