États-UnisLa lutte contre l’inflation va «faire souffrir» prévient le patron de la Fed
Le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, a promis qu’il userait «vigoureusement de ses outils» en relevant les taux d’intérêt.
La lutte contre l’inflation aux États-Unis «va faire souffrir les ménages et entreprises» américains mais y renoncer serait encore plus dommageable pour l’économie, a prévenu vendredi le patron de la Banque centrale (Fed) Jerome Powell. Dans une déclaration résolue et d’une rare franchise, prononcée à la conférence des banquiers centraux de Jackson Hole (Wyoming), le président de la Fed a averti que la Banque centrale américaine userait «vigoureusement de ses outils» en relevant les taux d’intérêt.
Patience demandée
Revenir à la stabilité des prix «prendra du temps» et entraînera «une longue période de croissance plus faible» ainsi qu’«un ralentissement du marché du travail», a-t-il martelé dans un discours exceptionnellement bref mais déterminé, à quelques mois des élections de mi-mandat pour l’administration démocrate de Joe Biden.
L’inflation aux États-Unis caracole à 8,5% en juillet sur un an, contre 9,1% en juin, un plus haut en 40 ans, selon l’indice des prix à la consommation CPI. D’après un autre indicateur très observé par la Fed, l’indice PCE, publié vendredi, elle s’est inscrite à 6,3%, contre 6,8% sur un an. «Si ces dernières baisses de juillet sont bienvenues, une amélioration sur un mois seulement est loin d’être suffisante» et nécessitera d’être confirmée, a déclaré M. Powell.
Mesures drastiques
La Banque centrale veut ramener la hausse des prix autour de 2%, et cette politique aura «une série de «coûts regrettables», a déclaré M. Powell. Il a redit que la Fed était prête à «une autre forte hausse exceptionnelle des taux» à la prochaine réunion du Comité monétaire du 21 septembre, après déjà deux tours de vis consécutifs de 75 points de base (0,75%).
Le banquier central a prévenu les marchés que les taux d’intérêt iraient en territoire «restrictif» et que la barre du taux neutre qui reflète le niveau idéal des taux, généralement évalué autour de 2,5%, pour ne créer ni de surchauffe ni refroidir l’économie, n’était plus guère d’actualité pour l’instant. «Les estimations du taux neutre à long terme ne sont pas un seuil où l’on doit faire une pause», a-t-il averti.
Le modèle Volcker
M. Powell a admis «qu’à un certain stade, il sera opportun de ralentir le rythme des relèvements de taux» mais il a ajouté un bémol à cette notion déjà rapportée, qui avait réjoui les marchés financiers récemment. «L’histoire montre qu’il faut prendre garde à ne pas relâcher la politique monétaire trop tôt», a-t-il prévenu, dans ce message qu’il a voulu «direct».
M. Powell a reconnu que «l’inflation actuelle était un phénomène mondial et que beaucoup d’économies dans le monde faisaient face à une hausse des prix égale voire plus haute que celle des États-Unis». Pour refroidir la surchauffe des prix, depuis le printemps dernier, la Réserve fédérale a fait passer les taux au jour le jour, qui influencent tous les autres crédits, de zéro à une fourchette entre 2,25% et 2,50%.
À plusieurs reprises dans son discours, M. Powell a cité un illustre prédécesseur à la tête de la Banque centrale, Paul Volcker, crédité pour avoir d’une main de fer jugulé une inflation galopante au début des années 1980.