Etats-Unis: La lutte contre l’inflation va «faire souffrir» prévient le patron de la Fed

Publié

États-UnisLa lutte contre l’inflation va «faire souffrir» prévient le patron de la Fed

Le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, a promis qu’il userait «vigoureusement de ses outils» en relevant les taux d’intérêt.

Dans cette photo d’archive prise le 27 juillet 2022, le président du conseil de la Réserve fédérale, Jerome Powell, s’exprime lors d’une conférence de presse à Washington, DC.

Dans cette photo d’archive prise le 27 juillet 2022, le président du conseil de la Réserve fédérale, Jerome Powell, s’exprime lors d’une conférence de presse à Washington, DC.

AFP

La lutte contre l’inflation aux États-Unis «va faire souffrir les ménages et entreprises» américains mais y renoncer serait encore plus dommageable pour l’économie, a prévenu vendredi le patron de la Banque centrale (Fed) Jerome Powell. Dans une déclaration résolue et d’une rare franchise, prononcée à la conférence des banquiers centraux de Jackson Hole (Wyoming), le président de la Fed a averti que la Banque centrale américaine userait «vigoureusement de ses outils» en relevant les taux d’intérêt.

Patience demandée

Revenir à la stabilité des prix «prendra du temps» et entraînera «une longue période de croissance plus faible» ainsi qu’«un ralentissement du marché du travail», a-t-il martelé dans un discours exceptionnellement bref mais déterminé, à quelques mois des élections de mi-mandat pour l’administration démocrate de Joe Biden.

L’inflation aux États-Unis caracole à 8,5% en juillet sur un an, contre 9,1% en juin, un plus haut en 40 ans, selon l’indice des prix à la consommation CPI. D’après un autre indicateur très observé par la Fed, l’indice PCE, publié vendredi, elle s’est inscrite à 6,3%, contre 6,8% sur un an. «Si ces dernières baisses de juillet sont bienvenues, une amélioration sur un mois seulement est loin d’être suffisante» et nécessitera d’être confirmée, a déclaré M. Powell.

Mesures drastiques

La Banque centrale veut ramener la hausse des prix autour de 2%, et cette politique aura «une série de «coûts regrettables», a déclaré M. Powell. Il a redit que la Fed était prête à «une autre forte hausse exceptionnelle des taux» à la prochaine réunion du Comité monétaire du 21 septembre, après déjà deux tours de vis consécutifs de 75 points de base (0,75%).

Le banquier central a prévenu les marchés que les taux d’intérêt iraient en territoire «restrictif» et que la barre du taux neutre qui reflète le niveau idéal des taux, généralement évalué autour de 2,5%, pour ne créer ni de surchauffe ni refroidir l’économie, n’était plus guère d’actualité pour l’instant.  «Les estimations du taux neutre à long terme ne sont pas un seuil où l’on doit faire une pause», a-t-il averti.

Le modèle Volcker

M. Powell a admis «qu’à un certain stade, il sera opportun de ralentir le rythme des relèvements de taux» mais il a ajouté un bémol à cette notion déjà rapportée, qui avait réjoui les marchés financiers récemment. «L’histoire montre qu’il faut prendre garde à ne pas relâcher la politique monétaire trop tôt», a-t-il prévenu, dans ce message qu’il a voulu «direct».

M. Powell a reconnu que «l’inflation actuelle était un phénomène mondial et que beaucoup d’économies dans le monde faisaient face à une hausse des prix égale voire plus haute que celle des États-Unis». Pour refroidir la surchauffe des prix, depuis le printemps dernier, la Réserve fédérale a fait passer les taux au jour le jour, qui influencent tous les autres crédits, de zéro à une fourchette entre 2,25% et 2,50%.

À plusieurs reprises dans son discours, M. Powell a cité un illustre prédécesseur à la tête de la Banque centrale, Paul Volcker, crédité pour avoir d’une main de fer jugulé une inflation galopante au début des années 1980.

(AFP)

Ton opinion

1 commentaire