FootballÀ Stade-Lausanne, fantômes et démons
Que le SLO peine à avancer au classement, c’est une chose. Qu’il ne séduise plus, ou si peu, est un mal bien plus encombrant.


On a beau retourner le problème dans tous les sens: Stade-Lausanne-Ouchy vient d’en prendre cinq contre Aarau et les coupables manquent à l’appel (score final 2-5). Qui pointer du doigt, dans une équipe qui semble aujourd’hui tout avoir? Les noms que couche chaque week-end Meho Kodro sur sa feuille de match font saliver nombre de ses collègues de Challenge League. Sur les onze hommes choisis pour tenter de faire tomber Aarau, neuf au moins ont prouvé, au SLO ou ailleurs, constituer des valeurs sûres ou intéressantes de la ligue. Jeunesse, expérience, caractère, pieds magiques: tout est là. Mais là, ça ne va pas.
Ce qui paraît clair, c’est qu’en essayant de se solidifier pour correspondre aux standards de l’équipe ambitieux qu’ils entendent devenir, les Lausannois ont perdu pas mal de leur charme. C’est un choix. Mais on pose encore une fois la question ici: si Stade-Lausanne ne véhicule plus d’émotions à travers son jeu, que lui reste-t-il pour exister, dans une Pontaise à peine garnie de quelques centaines de spectateurs?
Avec cette interrogation, une statistique. Les Stadistes détiennent la palme du plus grand nombre de 0-0 en championnat cette saison. Le total en est à quatre. Tous concédés (ou obtenus) depuis début novembre.
Binaire à l’extrême
Le très bon début de saison avait fait naître un doute, une peur: le SLO était-il dépendant de Sofyan Chader? Il y avait là un vrai risque. D’abord parce que le Français n’a pas grand-chose à faire en Challenge League et que lui donner le ballon est l’assurance qu’il se passe quelque chose. C’est aussi, donc, la voie de la facilité. Ensuite parce que la continuité est chose rare en Challenge League et que, on l’avait écrit, le SLO devait se reconstruire après son excellent 3e rang de l’an passé. Avec des moyens, certes, mais également l’incertitude d’un nouveau départ.
Le fait est que les Lausannois se sont appuyés tant est plus sur Sofyan Chader. Pour masquer leurs lacunes nouvelles? Peut-être. Il faut dire, aussi, que l’attaquant de Clarmont aspire beaucoup de ressources. Il crée souvent, mais détruit parfois. Quoi qu’il en soit, un match comme celui de samedi appuie sur l’évidence. Quand Chader est là, soit le ballon passe par la gauche, soit Stade-Lausanne ne sait plus trop comment attaquer. Et lorsqu’il est ennuyé par les blessures, comme ces derniers mois, alors se crée un vide compliqué à combler.
Il est peut-être possible de le résumer ainsi: le SLO est devenu une équipe binaire, à l’extrême. Soit il y a exploits individuels et les feux d’artifice sont de sortie, soit il n’y a pas et Stade ne sait plus trop après quel projet il court. Face à Aarau, le bouton est passé sur «On» durant dix minutes. Le temps de réchauffer les cœurs, de faire naître un paquet d’émotions et de croire à un avenir meilleur. Entre la 50e et la 60e, rien ne semblait trop beau ni trop grand. Les deux bijoux de Sofyan Chader et Brighton Labeau apportaient un vent d’optimisme pur.
Puis tout s’est arrêté, abruptement. Sans un esprit et un projet collectifs viables, le printemps peut devenir long.