France – «L’inconnu de la Poste» jugé 13 ans après un meurtre mystérieux

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France«L’inconnu de la Poste» jugé 13 ans après un meurtre mystérieux

Malgré les nombreuses zones d’ombre entourant la mort d’une postière en 2008, un ex-ambulancier comparaîtra seul devant la Cour d’assises de l’Ain, dès lundi.

C’est dans ce petit bureau de poste qu’a été tuée Catherine B., le 19 décembre 2008.

C’est dans ce petit bureau de poste qu’a été tuée Catherine B., le 19 décembre 2008.

AFP

Un meurtre sanglant, une enquête à rebondissements, un suspect qui nie et un acteur à la dérive: le crime d’une postière de l’Ain va être jugé devant les assises à partir de lundi, 13 ans après les faits. Cette énigme judiciaire a fait l’objet d’un livre signé par Florence Aubenas, «L’Inconnu de la Poste», paru en février 2021 après plusieurs années d’enquête.

Les faits remontent au 19 décembre 2008. Le corps de Catherine B., lardé de 28 coups de couteau, est découvert dans l’agence postale de Montréal-la-Cluse, à une heure de route de la frontière suisse. La femme de 41 ans, mère de deux enfants est enceinte de cinq mois, y travaillait comme guichetière. Selon l’accusation, le mobile serait crapuleux et le butin à hauteur de 2600 euros.

Il avoue le crime puis se rétracte

L’enquête s’oriente rapidement vers un marginal, un trentenaire habitant en face de la poste. Le suspect n’est autre que Gérald Thomassin, acteur césarisé en 1991 comme «meilleur espoir» pour son rôle dans «Le petit criminel». Cabossé de la vie et ancien toxicomane, son profil intrigue, tout comme son comportement. Il est vu un mois après les faits pleurant sur la tombe de la victime. Deux femmes le rencontrent au cimetière, il leur confie alors des détails troublants sur la scène de crime.

En 1991, Gérald Thomassin avait été césarisé comme «meilleur espoir» pour son rôle dans «Le petit criminel».

En 1991, Gérald Thomassin avait été césarisé comme «meilleur espoir» pour son rôle dans «Le petit criminel».

AFP

En juin 2013, l’ex-acteur appelle son frère et, très alcoolisé, lui avoue être l’auteur du meurtre, avant de se rétracter le lendemain. Thomassin, qui clame son innocence, est alors mis en examen et écroué.

En 2017, coup de théâtre: les juges d’instruction apprennent qu’il existe une correspondance entre l’ADN prélevé sur un sac trouvé à proximité du corps de la victime et un homme. Il s’agit de Mamadou D., mis en cause quelques mois plus tôt dans un vol de carte bancaire. Une affaire classée sans suite. Cet ambulancier, lycéen au moment des faits, effectuait en décembre 2008 un stage en entreprise à 5 kilomètres du village de Montréal-la-Cluse.

«Il s’en veut»

Devant les juges, ce nouveau suspect reconnaît s’être rendu le matin du meurtre dans l’agence postale où il affirme avoir découvert le corps de la quadragénaire. Il dit avoir paniqué et pris la fuite, après s’être emparé d’une liasse de billets. Décrit unanimement comme non violent, il nie être l’auteur du crime. «Il s’en veut énormément d’avoir pris les billets et de ne pas avoir dénoncé ce crime mais il avait peur d’être accusé», a expliqué son avocate Me Sylvie Noakovitch, «absolument convaincue de son innocence».

Elle relève aussi que son ADN est retrouvé «sur un sac et sur le monnayeur mais il a reconnu le vol et s’être essuyé les mains sur ce sac». En revanche, aucune trace de son ADN n’est découverte ni «sur le corps ni sur le coffre-fort» retrouvé ouvert, ajoute-t-elle, en dénonçant une enquête qui, selon elle, a négligé «d’autres pistes».

Fin août 2019, une confrontation est organisée entre Mamadou D. et Gérald Thomassin, qui ne se présente pas à cette convocation. La trace de l’acteur se perd à l’époque après un contrôle SNCF dans un train reliant Rochefort à Nantes. Une information judiciaire pour «enlèvement et séquestration» a été ouverte en octobre 2019. Il reste depuis introuvable. Un non-lieu a été prononcé concernant sa possible implication dans le meurtre de la postière.

Malgré les nombreuses zones d’ombre du dossier, l’ancien ambulancier comparaîtra seul lundi dans le box de la Cour d’assises de l’Ain.

(AFP)

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