Un pan de l’histoire horlogère ravagé par les flammes

Une odeur âcre flotte dans l’air ce lundi en contrebas de la gare de Villeret, sur la ligne Bienne/La Chaux-de-Fonds. C’est là qu’une ferme de 1636 a été fortement endommagée par un incendie survenu samedi matin, à 4 h 45.

«Le Quotidien Jurassien» l’a mentionné, c’est un pan de l’histoire horlogère qui a été abîmé sous la toiture percée. Comme à Damphreux (JU) ce matin, où deux voitures ont brûlé dans un garage situé sous un chalet, c’est dans un garage individuel que le feu a pris.

À Villeret, on observait encore lundi matin une voiture calcinée recouverte d’une bâche devant la ferme historique incendiée. Le feu s’était infiltré partout samedi, entre les murs et entre les planchers. Au centre du village, les pompiers ont préféré noyer la bâtisse déjà endommagée l’an dernier par des inondations plutôt que la laisser brûler.

La présence de foin et de paille comme éléments d’isolation et l’absence de murs coupe-feu ont compliqué l’intervention des pompiers des corps d’Erguël, du Centre-Vallon et de la Suze. La demeure est inhabitable: une dame et un couple avec ses deux enfants ont pu être relogés ailleurs grâce à l’intervention des autorités.

La ferme est mentionnée le plan d’aménagement local comme la plus ancienne du village. La propriétaire y avait installé une fabrique de nourriture pour chiens.

L’incendie de samedi touche indirectement la marque horlogère Blancpain, située au Brassus (VD), dont les racines sont scindées en deux branches. «La plus ancienne date de sa fondation, lorsque Jehan-Jacques Blancpain s’enregistre officiellement en tant qu’horloger à Villeret», indique l’entreprise. La date de 1735 figure sur son logo et, partant, sur tous les cadrans.

La marque dirigée aujourd’hui par Marc Hayek, petit-fils du fondateur du Swatch Group Nicolas G. Hayek, situe sa naissance dans la première bâtisse de Villeret, chez Jehan-Jacques Blancpain. Les horlogers de Blancpain ont ensuite occupé divers ateliers à Villeret pendant un siècle et demi.

La deuxième branche remonte à 1859 au Brassus. C’est là que Louis-Elysée Piguet a installé son atelier spécialisé dans les mouvements compliqués. En 1891, cet horloger a acheté un ancien moulin où seront réalisées les grandes complications de la collection «Villeret», comme les répétitions minutes, les chronographes à rattrapante, les carrousels, les tourbillons et les calendriers les plus complexes.