FootballTout savoir en avance sur la Coupe du monde 2022 de la Suisse
Après le tirage au sort du Mondial qatari réalisé vendredi, on a essayé d’imaginer comment se déroulera le premier tour de la compétition pour la troupe de Murat Yakin.
- par
- Robin Carrel
Match No 13, 24 novembre, 13 heures au Qatar, 11 heures en Suisse. Al Janoub Stadium.
L'entraîneur adverse: Rigobert Song
Si on cherche bien, Rigobert Song a un lointain lien avec la Suisse, puisque son neveu Alex Song est passé récolter quelques francs en fin de carrière, en jouant 22 matches ou bouts de parties avec le FC Sion. Cet ancien défenseur central plutôt du genre rugueux a fait une belle petite carrière en Europe, en passant notamment par Liverpool, West Ham, Lens et Galatasaray. Il est une légende des Lions indomptables, avec la bagatelle de 137 sélections (record). Il a participé à quatre Coupes du monde et huit Coupes d'Afrique des Nations. Rigobert Song partage également une marque de référence avec un certain Zinédine Zidane! L'ancien stoppeur est l'un des deux seuls joueurs au monde à avoir été expulsé lors de deux Coupes du monde différentes. Son premier carton rouge dans un Mondial? A moins de 18 ans.
Le joueur à suivre: Jean-Charles Castelletto
Ce défenseur central de 27 ans est né en France, à Clamart, d'une mère camerounaise et d'un père espagnol. Oui, Kamoulox. Il a porté les couleurs des Bleus avec les sélections M16, M17, M18, M19 et M20, avant de choisir - un peu par défaut, on ne va pas se mentir - les Lions indomptables en 2017. Le défenseur est ce qu'on appelle dans le jargon un joueur à maturation lente. Il a dû se battre pour réussir un plus haut niveau. Formé à Auxerre, il a ensuite pas mal bourlingué en Belgique (Mouscron et Bruges), avant de revenir en Ligue 1 par la fenêtre, via le Red Star d'abord et le Stade Brestois ensuite. Aujourd'hui, il est une valeur sûre du FC Nantes et indiscutable en sélection.
Le joueur à ne pas suivre: Eric Maxim Choupo-Moting
Non seulement il est impossible à suivre et sans doute que lui non plus ne sait pas toujours où il s'en va. Mais si on peut se moquer autant qu'on veut de l'attaquant du Bayern Munich – notamment pour son «fail» à voir dans la vidéo ci-dessus, resté dans l’histoire du jeu -, reste qu'il est un joueur de vestiaire ultra-apprécié, un sacré polyglotte et qu'il a une armoire à titres bien garnie. Cette saison, en Bundesliga, il a très peu joué (256 minutes), mais il a quand même claqué 4 buts. L'ancien international juniors allemand a aussi marqué le but de l'espoir face à l'Algérie cette semaine, sur le chemin de la qualification. Ce sera sa deuxième Coupe du monde avec les Lions indomptables. La première? C'était en 2010.
Comment on va les battre?
A la 95e minute de la rencontre, alors que le Cameroun semble avoir pris le dessus au niveau physique, Kastriot Imeri (qui a remplacé Xherdan Shaqiri à l'heure de jeu) aura l'inspiration qui changera tout. Le Genevois, qui a signé au Hertha Berlin quelques mois plus tôt, sentira l'appel de Dan Ndoye dans le dos de la défense camerounaise, partie à l'abordage sur un énième corner concédé à la suite d'un dégagement du pied droit de Ricardo Rodriguez. Imeri enverra une passe laser et le Vaudois s'en ira tromper en deux temps le dernier rempart André Onana, sorti à sa rencontre. Un petit 1-0 qui pèsera lourd sur l'issue de ce groupe G.
Match No 31, 28 novembre, 17 heures au Qatar, 15 heures en Suisse. Stadium 974.
L'entraîneur adverse: Tite
Avant de se stabiliser à la tête de la Seleçao en 2016, Tite, Adenor Leonardo Bacchi de son nom complet, a eu ce qu'on appelle une carrière normale de coach pour un entraîneur de son pays. C’est à dire chaotique. Entre ses débuts en 1990 et son accession à la plus haute fonction du jeu de ballon de son pays, il a été le boss des équipes de Guarany de Garibaldi, Caxias, Veranópolis, Ypiranga FC, Juventude, re-Caxias, Grêmio, São Caetano, Corinthians, Atlético Mineiro, Palmeiras, Al Ain Club aux Emirats arabes unis, Internacional, Al-Wahda de nouveau aux EAU, re-Corinthians de 2010 à 2013, avant de faire une pause et de re-re-prendre les commandes des Corinthians. Avec le Brésil, il a remporté une Copa America en 2019. Tite passera après à autre chose après le Mondial.
Le joueur à suivre: Philippe Coutinho
L'ancienne star de Liverpool s'est un peu perdue en route, quand il a quitté les rives de la Mersey en janvier 2018 et signé au FC Barcelone contre un chèque dodu de quelque 140 millions d'euros. Ça reste le troisième le plus gros transfert de l'histoire, derrière les 230 millions de Neymar et celui de Kylian Mbappé en direction du PSG. Coutinho n'a joué que 106 matches avec le Barça, pour 25 buts et 14 passes décisives, avant de tenter, depuis, de se relancer. Ça n'a pas vraiment fonctionné au Bayern Munich, mais il rappelle depuis quelques semaines que c'est un vrai joueur de football avec Aston Villa. Dans une équipe du Brésil qui aura besoin de son activité et d'expérience, il peut être le facteur X. Comme en Russie il y a quatre ans contre la troupe de Vladimir Petkovic.
Les Stades de l’équipe de Suisse
Le joueur à ne pas suivre: Neymar
Déjà parce que si vous le suivez un peu trop, vous risquez de finir tard et vous aurez des problèmes. La star du PSG est-elle encore un vrai joueur de football? Cette saison, l’«Otarie» ne fait quasiment plus de différences balle au pied, ne fait plus rêver les foules avec les dribbles chaloupés qui ont fait sa légende. Il n'a marqué que 5 fois en Ligue 1 et n'a pas trouvé le fond des filets en Ligue des Champions. En plus, d'habitude, c'est en novembre qu'il connaît régulièrement des blessures qui l'écartent deux-trois mois des pelouses. Passé pro il y a déjà treize ans et à l'hygiène de vie douteuse, le «Ney» semble avoir atteint sa «Migros Data».
Comment on va les battre?
Denis Zakaria va anéantir la créativité du milieu auriverde pendant 94 minutes. Le milieu de la Juventus sera chargé du marquage individuel de Neymar, placé en No 10 pour ne pas avoir besoin de trop courir et le Brésilien va être découpé façon puzzle. Ou plutôt façon Valon Behrami. Placée bas sur le terrain par le stratège Murat Yakin, l'équipe de Suisse va profiter des ouvertures laser de Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri en direction de la flèche Noah Okafor pour faire mal au rein de Thiago Silva et de Marquinhos et profiter de sorties farfelues à respectivement 38 et 43 mètres de son but d'Alisson. La Suisse va l'emporter 2-0 sans jamais trembler.
Match No 47, 2 décembre, 22 heures au Qatar, 20 heures en Suisse. Stadium 974.
L'entraîneur: Dragan Stojkovic
C'était sans doute mon joueur préféré, gamin, à égalité avec Chris Waddle et Frank Verlaat. Il est arrivé aux commandes de la Serbie le 3 mars 2021, le jour de ses 56 ans. Il a servi le football de son pays comme pas grand monde, en jouant 84 matches sous les couleurs yougoslaves, puis en étant élu à la tête de sa Fédération nationale à 36 ans, alors qu'il venait tout juste de prendre sa retraite sportive. Avant de devenir sélectionneur, il n'avait entraîné qu'au Japon (Nagoya, où il avait joué pendant sept ans) et en Chine (Guangzhou), où il a passé deux fois cinq ans. Mais c'est surtout le merveilleux joueur qu'il était qui reste dans les esprits. «Piksi» pouvait jouer à tous les postes offensifs et était un vrai artiste balle au pied. Les blessures récurrentes qu'il a subies l'ont empêché de devenir un des tout meilleurs et c'est très triste.
Le joueur à suivre: Aleksandar Mitrovic
Il y a bien un jour où le monde va se rendre compte de la classe de l'attaquant de Fulham. L'homme aux 44 buts en 70 sélections serait un «entre deux», dit-on. Il est bien trop fort pour le Championship, où il empile les buts de façon incroyable. Par contre, il peine à faire la différence dans l'élite quand il la touche du bout des doigts. Il a scoré 35 buts en 35 matches cette saison en deuxième division anglaise. La saison précédente, en Premier League, c'était 3 goals en 27 parties. L'année d'avant en Championship? 26 buts. En 2018-2019 en PL? 11 goals seulement en 39 parties. Et comme Fulham va encore une fois remonter cette saison, l'ancien goaleador d'Anderlecht aura de nouveau une chance, à 27 ans, de montrer qu'il peut être fort chez les forts.
Le joueur à ne pas suivre: Strahinja Pavlovic
C'est terrible pour le jeune joueur prêté au FC Bâle, mais il incarne les dérives certaines fois insupportables du football moderne. Il a été acheté à 18 ans pour 10 millions d'euros par l'AS Monaco au Partizan il y a plus de deux ans, après une trentaine d'apparitions chez les pros au pays. Pavlovic a d'abord été prêté à son club formateur, puis au Cercle de Bruges, puis au FCB, où il a à chaque fois eu de la peine à s'imposer. En tout, le défenseur central n'a joué que 12 fois en 27 mois pour le club à qui il appartient... Pourtant, à 20 ans, il compte déjà 17 sélections et s'est installé dans la défense serbe comme un titulaire indiscutable depuis un an. Vous avez dit talent gâché?
Comment on va les battre?
Puisque la Suisse sera déjà qualifiée avant même le «derby» contre la Serbie, Murat Yakin, ça ne s'invente pas, fera jouer ses coiffeurs et ça va faire tout bizarre. Le XI helvétique ressemblera à ça: Kobel; Mbabu, Cömert, Zesiger, Lotomba; Frei, Sow; Steffen, Imeri, Ndoye; Gavranovic. Oui, vous avez bien lu. Le choix de Yakin sera toutefois pertinent, puisqu'il pensera éviter ainsi les polémiques que la presse attendait avec impatience. Le seul faux-pas de cette soirée aura été le geste de Renato Steffen qui, trop heureux d'inscrire le seul but de la rencontre à l'heure de jeu, a choisi de mimer un papillon avec les mains en direction d'une caméra pour faire comme les autres quatre ans et demi plus tôt, mais en n'ayant pas tout compris à l'affaire.