Amérique centraleAu Nicaragua, les opposants emprisonnés ont «faim»
L’état de santé de plusieurs opposants emprisonnés au Nicaragua se dégrade rapidement en raison de mauvais traitements, selon leurs familles.

Des portraits d’opposants emprisonnés au Nicaragua, lors d’une conférence de presse tenue au Costa Rica par des Nicaraguayens exilés, le 28 mars 2022.
AFPUne quarantaine d’opposants condamnés à des peines allant jusqu’à 13 ans de prison au Nicaragua «souffrent de la faim» et leur état de santé se dégrade en raison de mauvais traitements et de leurs conditions de détention, ont dénoncé lundi des membres de leurs familles.
«Nos proches (emprisonnés) souffrent de la faim et nous confirmons à nouveau des pertes de poids rapides et importantes, avec des états de dénutrition, comme pour (la militante) Tamara Davila, qui selon nos calculs pèse moins de 100 livres (45 kg)», ont dénoncé les familles d’opposants dans un communiqué lu par la fille de l’un d’entre eux, lors d’une conférence de presse en virtuel.
Les familles se sont exprimées après avoir rendu visite à leurs proches entre les 28 et 30 avril et elles ont observé «une détérioration généralisée de leur état de santé», qu’elles attribuent à une «politique systématique de tortures destinée à briser leur corps et leur esprit».
«Pertes de mémoire»
«Les punitions sont devenues plus fréquentes, allant du chantage émotionnel, aux menaces de les transférer dans des cellules plus petites avec des conditions pires, et remise discrétionnaire de paquets» de nourriture apportés par les proches.
Les prisonniers sont également privés de «médicaments, boissons, et même de papier hygiénique», dénoncent les familles. Cristian Tinoco, fille de l’ancien ministre des Affaires étrangères et dissident du parti au pouvoir Victor Hugo Tinoco a dit avoir vu son père, âgé de 69 ans, «pâle, amaigri» et présentant des signes de «pertes de mémoire».
Les familles ont également dénoncé la «persistance d’une politique d’isolement et la privation de communication» pour les prisonniers qui n’ont pas le droit à des appels téléphoniques, à du courrier et ne peuvent pas communiquer entre eux. Une quarantaine d’opposants au gouvernement ont été condamnés dernièrement à des peines jusqu’à 13 ans de prison pour «atteinte à l’intégrité nationale».
Réélection non reconnue
En novembre, Daniel Ortega, un ex-guérillero de 76 ans, au pouvoir depuis 2007, a été sans surprise réélu pour un quatrième mandat consécutif, alors que ses rivaux les plus sérieux et de nombreux autres opposants étaient emprisonnés, accusés de complot contre son gouvernement avec le soutien de Washington.
L’élection de Daniel Ortega n’est pas reconnue par la majeure partie de la communauté internationale, notamment par l’Organisation des États américains (OEA), les États-Unis et l’Union européenne, au motif que le scrutin n’était pas démocratique.