Ski alpinLoïc Meillard: «La carrière de Wawrinka est exceptionnelle»
Le skieur d’Hérémence, qui reste sur un week-end de feu à Aspen début mars, peut devenir le troisième Romand à se hisser sur le podium du général. Ses exploits restent pourtant dans l’ombre de ceux de Marco Odermatt.
- par
- Sylvain Bolt - Saalbach
Battu deux fois par le phénomène Marco Odermatt en géant début mars à Aspen (USA), Loïc Meillard s’est imposé pour la première fois de sa carrière en slalom dans la station du Colorado. Après des problèmes de fixation qui ont perturbé sa saison et l’ont fait douter mentalement, le skieur d’Hérémence est dans la forme de sa vie.
Lors des finales de Saalbach qui débutent samedi, le polyvalent peut monter sur deux podiums des petits globes (géant et slalom) et devenir le troisième Romand (après Roland Collombin et Didier Cuche) à monter sur la boîte du général de la Coupe du monde. Confortablement installé dans un canapé de son hôtel au pied des pistes de Saalbach, au coin du feu, le Neuchâtelois d’origine s’est livré sans détour autour de trois thèmes.
Le coup d’éclat d’Aspen pour enterrer les doutes
«Cette fin de saison se déroule comme je l’avais souhaité depuis le début mais tout n’a pas fonctionné comme prévu. Ce week-end à Aspen a été exceptionnel. On peut difficilement faire beaucoup mieux, mon ski est revenu en place et j’ai pu le montrer en course. Je ne sais pas si je peux parler de soulagement, mais ça m’a prouvé que j’étais sur le bon chemin, qu’il fallait poursuivre le travail.
J’ai continué à y croire. Quand tu perds confiance après une course, il en faut dix autres pour la retrouver. Les nouveaux projets liés à mes fixations ne se sont pas passés comme prévu et on ne va pas se mentir, ça a été très dur mentalement pendant une certaine période (ndlr: plusieurs sorties de courses en raison des fixations qui ont décroché). Au fond, je savais que je pouvais gagner avec le matériel que j’avais aux pieds, j’étais prêt physiquement et je suis tombé de haut. Donc ça fait un peu mal. Mais finalement ça fait partie du métier.”
Derrière le «Federer du ski» Odermatt, le «Wawrinka des lattes»
«Honnêtement, je ne me soucie pas trop du fait qu’on me compare à Stanislas Wawrinka. C’est même le dernier de mes soucis. Wawrinka a une carrière exceptionnelle et énormément de tennismen rêveraient de pouvoir réussir la sienne. Ce n’est pas parce qu’il a réussi moins de résultats et gagné moins de tournois que Roger Federer qu’il n’a pas eu une carrière exceptionnelle. Chacun a son niveau donne le meilleur de soi-même et arrive à atteindre ses buts. En tant qu’athlète, c’est vrai que c’est une chance et une malchance d’avoir un gars comme Marco (Odermatt).»
«La chance, c’est qu’il tire le sport vers le haut, il bat des records et amène une population plus large pour suivre notre sport. On peut lui en être reconnaissant. Et nous, en tant qu’athlètes, ça nous pousse à travailler plus dur, à essayer de le titiller. Après, la malchance, c’est que ça nous questionne: comment c’est possible? On travaille tous très dur à ce niveau-là, personne ne se donne pas à 100%. Mais avec la confiance qu’il a en ce moment, il peut se permettre des choses comme des fautes qui nous mettent hors course. Donc c’est parfois frustrant.»
Imiter Roland Collombin et Didier Cuche
«Si on m’avait dit fin janvier que j’allais me battre pour le podium du général et pour le globe dans deux disciplines (ndlr: slalom et géant), j’aurais signé direct. A ce moment, j’avais tout effacé. Le podium du classement général était un objectif de plus en plus lointain. Comme pour l’obtention d’un globe de cristal, je pense que le classement général de la Coupe du monde est une sorte de consécration, la conséquence de bons résultats qui s’enchaînent sur un hiver. D’avoir réussi à performer week-end après week-end.»
«Ce n’était pas le cas cette saison mais cette excellente fin d’exercice me permet de me retrouver dans cette situation et ça me fait vraiment plaisir. A moi d’en profiter. Je ne savais pas que j’étais seulement le troisième Romand à pouvoir monter sur le podium du classement général de la Coupe du monde après Didier Cuche et Roland Collombin. Je suis un peu pris de court mais c’est quelque chose d’assez exceptionnel en soi!»