TennisLa presse mondiale déclare sa flamme à Roger Federer
L’annonce de la retraite du Bâlois a fait la une de plusieurs quotidiens à travers le monde et inspiré les éditorialistes. Notre revue de presse.
- par
- Sylvain Bolt
«God save the king» titre l’Equipe ce vendredi 16 septembre, avec une photo pleine page de Roger Federer. Et l’Edito du quotidien sportif français, sous la plume de Romain Lefebvre, lui rend un vibrant hommage: «Quel que soit son rang dans la hiérarchie des recordmen de victoires en Majeurs ou dans le débat éculé sur «le plus grand joueur de tous les temps», RF siégera éternellement tout là-haut, à côté des Michael Jordan, Muhammad Ali, Michael Schumacher ou Pelé. Parce qu’en vingt-cinq ans de carrière, cette icône du sport mondial, pour qui le tennis coulera dans les veines jusqu’à son dernier soupir, a bâti bien plus qu’un palmarès vertigineux, qu’un empire financier gigantesque ou que la Laver Cup chère à son cœur : il a réinventé un sport pourtant déjà gâté, dansant sur un court où l’on transpirait à peine, où l’élégance aérienne effaçait la débauche d’énergie et la fatigue physique. Un sport que lui seul était capable de pratiquer ainsi.»
En Suisse aussi, forcément, la retraite sportive du maestro fait les titres principaux et a inspiré les éditorialistes. «Merci l’artiste» titre la Tribune de Genève, «Toi le tennis, je t’aime et je ne te quitterai jamais» a choisi pour sa part 24 heures. Mathieu Aeschmann, journaliste spécialiste du tennis pour les quotidiens lémaniques, se projette dans le «monde d’après» dans son édito. «Or, ce défi est aussi le nôtre, cohorte des suiveurs admiratifs. Privés des promesses d’un prochain tournoi, de la grisante perspective d’un hypothétique record, nous voilà contraints de redéfinir le lien. Roger Federer ne sera plus jamais un soupir de soulagement ou un poing serré sur le canapé du salon. Il est désormais une foule de souvenirs, un récit collectif, une nostalgie à convoquer.»
Le Temps publie une photo de «RF» grattant les cordes de sa raquette accompagnée du titre «Très Grand chelem». Dans son édito intitulé «Roger Federer, Monsieur Tennis», le journaliste Laurent Favre estime que Federer, bien que «dépassé ces dernières années au palmarès par Rafael Nadal puis Novak Djokovic», reste le numéro un incontesté. «Aucun ne l’égale toutefois dans l’esthétisme, et il serait faux de croire que cela est secondaire. Sa technique parfaite, son style offensif, son fair-play, ses silences durant les échanges sont autant de «marques de fabrique» qui ont inspiré plusieurs générations de joueurs, professionnels comme amateurs», écrit le responsable des sports du quotidien romand.
«Le sport comme une forme d’art»
Le Nouvelliste titre «Merci Maître». «L’Angleterre, une semaine plus tôt, quasiment à la même heure, a perdu sa reine après plus de septante ans de règne. La Suisse, aujourd’hui, prend congé sportivement de son roi. Merci à lui de nous avoir procuré quelques-unes de nos plus grandes émotions et d’avoir été, durant vingt ans, le plus bel ambassadeur de notre pays», souligne Christophe Spahr, responsable des sports du quotidien valaisan dans son édito «Notre roi est «mort», vive Roger Federer!»
Du côté alémanique, Blick remercie aussi le plus grand sportif suisse de l’histoire. «Danke, Roger!» (Merci, Roger!) titre le quotidien zurichois sur une photo du Bâlois, pouce levé. «Der Grösste geht» (Le plus grand s’en va) affirme le Tages-Anzeiger avec un magnifique portrait du Bâlois sur la première page de son journal. La Neue Zürcher Zeitung se contente d’un très sobre «Roger Federer beendet seine Karriere» (Roger Federer met fin à sa carrière).
Le joueur suisse de 41 ans a aussi animé les séances de rédactions des médias étrangers dans la soirée de jeudi. «Ho visto un re» (J’ai vu un roi) titre La Gazzetta dello Sport, quotidien sportif de référence en Italie. «Voor altijd Kippenvel» (La chair de poule à jamais) est la une choisie par SportWereld, journal sportif belge en néerlandais. En Allemagne, Spiegel Sport se contente d’un efficace «Der Grösste» (Le plus grand), alors que le New York Times voit en la retraite de Federer un «Sign of tennis’s changing times» (Signe d’un changement d’époque en tennis). «C’était un joueur qui pouvait jouer chaque style à chaque endroit du court, écrit le journaliste spécialisé américain Matthew Futterman. Cette manière que Federer avait de créer des coups était une qualité céleste. À la manière d’un musicien de jazz qui improvise des solos (…) Federer donnait l’impression aux gens qu’ils regardaient le sport comme une forme d’art.»
Des propos qu’Elisabeth Pineau, journaliste au Monde, corrobore: «Roger Federer, même pour le profane en tennis, c’était avant tout l’élégance. Sur le court, d’abord. Le Suisse flottait. Dansait. Virevoltait. Il dégageait une telle impression de facilité et de fluidité que le regarder, c’était presque admirer un ballet – y compris à l’aube de la quarantaine.»