Guerre au Proche-Orient: Le National biffe définitivement l’aide à l’ONU pour les Palestiniens

Par 106 voix à 85, le Conseil national a enterré ce mercredi l’aide à l’organisation onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens, l’UNRWA. C’est la troisième fois qu’il se prononçait dans le cadre du budget 2024 sur cette contribution controversée de 20 millions de francs. Durant la session, le Conseil des États l’avait acceptée une première fois par 23 voix à 21 et une seconde fois par 29 voix contre 16, en proposant de la réduire à 10 millions de francs et en y ajoutant des conditions-cadres pour le contrôle de cette organisation.

Le conseiller national Felix Wettstein (V/SO) a tenté de faire changer d’avis ses collègues bourgeois en les prenant par les bons sentiments: «Par ces temps effroyables dans la bande de Gaza, c’est la seule organisation susceptible de soutenir la population civile». Il a rappelé que la ville de Bethléem n’était qu’à 70 kilomètres de la bande de Gaza: «Si la Suisse biffe l’argent de cette organisation, ce sera un message de Noël à l’envers…»

Mais ses arguments n’ont pas ébranlé les trois partis bourgeois qui accusent l’UNRWA d’être trop proche du Hamas et d’un discours antisémite. Pour Lars Guggisberg (UDC/BE): «L’aide humanitaire doit servir à aider les gens, mais pas à soutenir le terrorisme, la violence et la haine. Avec l’UNRWA on risque de soutenir de type de comportement. On dit qu’il en va de la réputation de la Suisse… Oui c’est vrai que la renommée de la Suisse est en jeu, parce que nous risquons de donner de l’argent à une organisation qui soutient le terrorisme et l’antisémitisme».

Pour le groupe du PLR, Peter Schilliger (PLR/LU) a rappelé que le Parlement n’est pas opposé à aider les Palestiniens: «Nous avons voté 90 millions supplémentaires pour de l’aide humanitaire dans la région, mais avec d’autres organisations».

Cependant, pour la socialiste Sarah Wyss (PS/BS), l’octroi de ces 90 millions à d’autres organisations est une chose et l’aide à l’UNRWA en est une autre: «Cette coupe de 20 millions au détriment de la population civile est inadmissible. Nous serions un des seuls pays qui ne verserait plus un montant de base. (…) C’est vraiment de la politique étrangère au coup par coup et irresponsable».

Sarah Wyss a rappelé également qu’en coupant cette aide à l’agence onusienne, par un effet de mécanique budgétaire, le Parlement devrait revoir les conditions concernant l’encouragement à la viticulture. Au Conseil des États, Johanna Gapany (PLR/FR) avait mis en garde contre cet effet en cascade qui risque de priver la promotion des vins suisses de 6 millions de francs. Mais l’argument n’a pas suffi à faire changer d’avis les parlementaires de l’UDC, du PLR ou du Centre, qui ont maintenu leur vote contre la contribution à UNRWA.

Comme les deux chambres ne sont pas mises d’accord, l’objet sera traité en séance de conciliation, où le principe veut que c’est la solution la moins chère qui est retenue. Dans le cas présent, l’UNRWA ne devrait donc recevoir aucun financement helvétique l’année prochaine.