Hospitalisation du pape François«Démissionner? Cela ne m’a même pas traversé l’esprit!»
Le souverain pontife a fait taire mercredi les rumeurs véhiculées par les journaux italiens, qui lui prêtaient l’intention de déposer la tiare suite à son opération du colon.
Le pape François, opéré voici deux mois du côlon, a précisé que démissionner ne lui a «pas traversé l’esprit», opposant ainsi un démenti à des rumeurs véhiculées par des médias italiens.
«Cela ne m’a même pas traversé l’esprit», indique le pape dans un long entretien diffusé mercredi par la radio catholique espagnole Cope, dans lequel il annonce aussi de nouveaux voyages en Europe pour enfoncer le clou. «Je ne sais pas où ils sont allés chercher l’idée que j’allais démissionner!", ajoute-t-il.
«Je suis encore en vie!»
«Dès que le pape est hospitalisé, il souffle toujours une brise ou un ouragan de conclave» (pour élire un nouveau souverain pontife), a-t-il en outre plaisanté, en précisant qu’il se tenait éloigné des rumeurs en ne lisant qu’un seul quotidien italien et en ne regardant jamais la télévision.
«Je suis encore en vie!» a lancé le pape en riant, tout en rendant un hommage particulier à un infirmier italien «très expérimenté".
«Il m’a sauvé la vie! Il m’a dit “il faut vous faire opérer“. Il y avait d’autres opinions», comme l’usage d’antibiotiques, raconte le souverain pontife argentin, en estimant que l’infirmier lui a fourni des explications claires.
Son opération début juillet dans un hôpital de Rome, sous anesthésie générale, a consisté en une «colectomie gauche» (chirurgie pour retirer une portion de côlon). Le pape souffrait d’une inflammation potentiellement douloureuse des diverticules, hernies ou poches qui se forment sur les parois de l’appareil digestif.
François avait attendu le mois de juillet pour cette intervention «programmée», lorsque son emploi du temps est allégé.
Le pape indique dans l’entretien à la radio Cope qu’il peut désormais «manger de tout, ce qui n’était pas le cas avant avec les diverticules». «Je prends encore les médicaments postopératoires, car le cerveau doit enregistrer le fait qu’il y a 33 centimètres d’intestin en moins», précise-t-il en ajoutant qu’il mène «une vie totalement normale».
Nouveaux voyages
Le pape François, qui aura 85 ans en décembre prochain, a annoncé qu’il se rendrait prochainement en Grèce, à Chypre et à Malte. Il a en outre confirmé qu’il prévoyait de prononcer un discours, «déjà en préparation», devant la COP26 à Glasgow en novembre, même si «tout dépendra de comment je me sens à ce moment-là».
François, adepte des «périphéries», a rappelé que son premier voyage en Europe s’était déroulé en Albanie. «Je voulais prendre cette option: d’abord vers les petits pays», a-t-il commenté, alors que les catholiques de France et d’Espagne attendent désespérément une vraie visite d’Etat.
Le pape se rendra du 12 au 15 septembre en Slovaquie, après un arrêt d’une demi-journée à Budapest où il présidera la messe de clôture du 52e Congrès eucharistique international.
Si son passage en Hongrie n’est pas une visite d’Etat, une double «rencontre» à huis clos est prévue avec le président Janos Ader et le Premier ministre Viktor Orban, indique le programme officiel.
Interrogé sur ce qu’il aimerait dire à Viktor Orban, aux antipodes de ses idées sur la question migratoire, le pape a semblé éluder la question: «je ne sais pas si je vais le rencontrer, je sais que les autorités du pays viendront m’accueillir». Il a toutefois rappelé sa démarche avec les responsables politiques: des rencontres sans «script préalable» en les regardant «droit dans les yeux».
«Suivre ces chemins du dialogue»
Montrant sa bonne forme intellectuelle lors de cet entretien d’une heure et demie, le pape a personnellement défendu un accord historique mais controversé signé en 2018 entre le Saint-Siège et la Chine sur la nomination d’évêques, qui avait hérissé l’administration de Donald Trump dénonçant les persécutions contre les religions par Pékin.
«Nous devons suivre ces chemins du dialogue, pas à pas, dans les situations les plus conflictuelles», a argué le pape.
Enfin François a confié aussi que les automnes brumeux de Buenos Aires, en écoutant des airs d’Astor Piazzola, lui manquaient, tout comme les promenades entre les paroisses, mais qu’il n’était pas atteint par «la nostalgie».
Il avoue aussi qu’il adorerait déambuler dans la rue à Rome, mais qu’il ne pourrait pas faire dix mètres sans être repéré.