Espagne – Pour financer les retraites, Madrid augmente les cotisations sociales

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EspagnePour financer les retraites, Madrid augmente les cotisations sociales

Le gouvernement espagnol a annoncé mardi que les cotisations allaient être relevées de 0,6% dès 2023. La mesure pourrait ne durer «que» jusqu’en 2032.

La revalorisation des retraites est un sujet de discorde entre le gouvernement espagnol et les retraités qui réclament depuis de nombreuses années une hausse des rentes, comme ici lors d’une manifestation en 2018 à Madrid.

La revalorisation des retraites est un sujet de discorde entre le gouvernement espagnol et les retraités qui réclament depuis de nombreuses années une hausse des rentes, comme ici lors d’une manifestation en 2018 à Madrid.

AFP

Après des semaines de discussions, le gouvernement espagnol a présenté mardi sa réforme du financement des retraites, prévoyant une hausse des cotisations mais pas d’allongement du temps de travail. Un choix critiqué par le patronat, qui craint des «conséquences» sur l’emploi.

Sommé par Bruxelles d’agir pour rééquilibrer son système de retraite, menacé par le vieillissement de la population, le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez avait écarté cet été une baisse des pensions ainsi qu’un recul de l’âge légal du départ à la retraite.

Au terme d’un accord avec les syndicats, il a donc opté pour le dernier levier restant à sa disposition: la hausse des cotisations sociales. Cette hausse de «0,6 point de pourcentage» devrait être «temporaire», a toutefois précisé l’exécutif dans un communiqué.

La hausse impactera surtout les employeurs

Selon Madrid, la hausse pèsera à 80% sur les employeurs et à 20% sur les salariés. Elle entrera en vigueur en 2023 et fera l’objet de révisions régulières à partir de 2032, date après laquelle elle pourra être annulée si l’état financier de ce système de retraites par répartition le permet.

Cet accord constitue «un pas de plus» en vue d’«assurer la viabilité du système public de retraites», a assuré sur Twitter Pedro Sanchez, en se félicitant du feu vert donné à cette mesure par les deux grands syndicats du pays, Commissions ouvrières et UGT.

Madrid avait présenté fin août un premier volet de son projet de loi sur les retraites, prévoyant de revaloriser les pensions en les indexant sur l’inflation et d’inciter les salariés à travailler plus longtemps, via une série de coups de pouce financiers. Mais il restait à se mettre d’accord sur le volet le plus délicat, à savoir le «mécanisme d’équité intergénérationnelle».

Ce dispositif, qui sera intégré au texte de loi via un amendement, doit permettre de sécuriser le système, en alimentant le «fonds de réserve» de la Sécurité sociale. Ce fonds créé voilà vingt ans a compté par le passé jusqu’à 67 milliards d’euros, mais n’en comprend plus que deux aujourd’hui. Avec la réforme, il en comptera «50 milliards» d’ici à 2032, selon le ministre de la Sécurité sociale José Luis Escrivá.

Un filet de sécurité face aux futurs boomers retraités

«Cela va permettre de générer un filet de sécurité» pour faire face «aux tensions» qui risquent de survenir lorsque la génération du «baby-boom», intervenue en Espagne dans les années 1960 et 1970, arrivera à l’âge de la retraite d’ici à 2040, a insisté José Luis Escrivá.

La réforme des retraites, réclamée depuis des années par la Commission européenne, était l’une des conditions posées pour que Madrid puisse continuer à bénéficier des 140 milliards d’euros du méga plan de relance post-Covid.

Pour certains économistes, la hausse de cotisations proposée par l’exécutif ne sera cependant pas suffisante pour garantir la viabilité du système de retraite. Le nouveau mécanisme – qui ne touche pas à l’âge légal de la retraite devant être porté progressivement à 67 ans en vertu d’une réforme de l’ancien gouvernement de droite – «n’améliorera ni la pérennité ni l’équité du système de retraite», ont ainsi estimé mardi les économistes de BBVA Research. Il risque par ailleurs de faire peser «le poids des dépenses sur les jeunes générations, qui devront probablement faire face à (…) un endettement plus important», ont-ils ajouté dans une note.

Les organisations patronales refusent de signer l’accord

Une analyse partagée par les organisations patronales, qui ont décidé de ne pas signer l’accord proposé par l’exécutif afin de protester contre la hausse des cotisations sociales. Cette réforme fait reposer «tous les efforts sur les salariés d’aujourd’hui et de demain» et n’offre «pas de garantie sur l’équilibre du système» de retraites, ont-elles dénoncé dans un communiqué. Elle pourrait en outre «mettre en péril la reprise économique en affectant la productivité et la compétitivité des entreprises», avec «des conséquences négatives sur l’emploi», ont-elles ajouté.

(AFP)

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