Société: Le divorce atteint la santé physique et mentale des enfants

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SociétéLe divorce atteint la santé physique et mentale des enfants

Une étude suggère qu’à long terme les enfants de parents divorcés séparés de l’un des parents ont plus de problèmes de santé et psychologiques à l’âge adulte que ceux de parents restés unis.

(Image d’illustration.)

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Pixabay

«La pire chose que les parents puissent faire est de transférer le conflit de couple sur les enfants et de les priver de l'un de leurs parents», explique Jorge Guerra González dans la «SonntagsZeitung». Juriste et psychologue à l’Université Leuphana de Lüneburg, il accompagne les familles séparées, notamment en tant que curateur de procédure, et est également l’auteur d’une étude récente sur la question: comment se portent les enfants séparés d’un parent à l'âge adulte?

Préserver l’enfant des disputes

L'enquête complète sera publiée cet automne, mais le journal zurichois dispose des premiers résultats. Dont notamment que le problème n’est pas la séparation, mais la façon dont elle est gérée par chacun des parents, et dont ils se comportent avec les enfants et avec leur ex-conjoint. Les conséquences d’une séparation seraient ainsi moins graves si les parents arrivent à tenir les enfants à l’écart de leurs disputes, sentiments de colère et de haine. Et ces conséquences sont d’autant plus apparentes que les enfants ont été impliqués dans le conflit de leurs parents et que le lien avec l'un des parents en a souffert.

L’auteur a interrogé trois groupes de sujets différents: l’un constitué d’adultes ayant été séparés de l’un de leurs parents à l’enfance, le second n’ayant pas vécu de telle séparation pendant l’enfance, et le troisième constitué de participants dont les parents avaient vécu ensemble jusqu'à leur majorité.

Séquelles fréquentes en cas de conflit parental

Reste que les conflits sont fréquents. Et selon l’étude, peu d’enfants séparés de l’un de leurs parents ne font pas état de séquelles. Par exemple, ils peinent à supporter les disputes ou sont réticents à se marier ou à fonder une famille. «De même, pratiquement aucun des enfants séparés de l’un de ses parents interrogés n'a aujourd'hui de bons contacts avec sa mère et son père», souligne l’auteur de l’étude. Enfin, la situation financière de ces enfants est également souvent moins bonne.

Le mythe du divorce heureux

«Un divorce ou une séparation est un événement traumatisant pour de très nombreux enfants», explique dans la «SonntagsZeitung» Christoph Häfeli, juriste et expert en protection de l'enfance. Selon lui, les enfants réagiraient temporairement par une baisse des performances scolaires ou des troubles du comportement. 

«Cependant, après trois à six ans, la situation se normalise si la mère et le père parviennent à continuer à assumer ensemble la responsabilité du bien-être de leurs enfants et à être là pour eux», note le juriste. Il plaide ainsi pour un soutien des parents lors de la séparation, avec une médiation ou des conseils, comme le fait par exemple le canton de Bâle: il propose six à huit séquences de conseil ou les parents peuvent participer à des cours «Kinder im Blick» (enfants en point de mire). Deux mesures qui ont conduit à une baisse des conflits parentaux.

Etre à l’écoute des besoins de l’enfant

La sociologue Muriel Degen fait de la recherche sur l’évolution des familles qui vivent dans des lieux différents et travaille à la direction de l’instruction publique du canton de Zurich. Pour elle, la coparentalité après une séparation est un défi, notamment quand de nouveaux partenaires ou des demi-frères et sœurs viennent s'ajouter aux enfants du premier mariage. Elle estime donc qu’il n’y a pas de solution de garde et de cohabitation qui conviennent à tous les enfants concernés: «Les arrangements en matière de logement et de garde doivent être trouvés et négociés.»

Contact limité temporaire bénéfique

Elle ajoute que, dans des situations particulièrement difficiles, il peut être tout à fait envisageable de n'avoir qu'un contact limité avec l'un des parents pendant un certain temps afin de soulager l'enfant. Dans tous les cas, il est essentiel d’impliquer les enfants et d’être à l’écoute de leurs besoins. Selon la sociologue, «les enfants qui sont convaincus de pouvoir surmonter des situations difficiles par leurs propres moyens et qui voient leurs parents comme capables de maîtriser les relations et le quotidien de manière constructive auraient de bonnes raisons d'aborder la vie avec confiance.»

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(ewe)

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