JuraL’auto-stop en 2 CV, ça prend deux minutes!
On a tendu le pouce pour aller à la grand-messe des deuchistes et on est vite tombé sur un conducteur belge sympa!
- par
- Vincent Donzé
Rouler en 2 CV, c’est paraît-il un état d’esprit. Plus qu’un éloge de la lenteur, un revival hippie, quand la communauté l’emporte sur l’individu. Pour voir si les deuchistes sont sympas, on s’est posé au bord de la route, le pouce levé, à la sortie de Delémont. Objectif: la 24e Rencontre Mondiale des Amis de la 2 CV, organisée dans les pâturages entre Vicques et Courrendlin.
Mêlées à la circulation, ce jeudi après-midi, les deuches défilent, pas toutes pleines, avec parfois un coup de klaxon ou un signe de la main. Il n’en faut pas plus d’une douzaine pour qu’un conducteur s’arrête. Par la portière arrière ouverte par sa passagère, il questionne dans un français teinté d’accent germanique: «Tu habites ici? Tu vas à la fête?».
Partis la veille de Belgique, pas loin d’Eindhoven. Raf et Jiayu n’ont pas pris l’autoroute, préférant rouler en France sur des départementales. Les conducteurs de deuche sont plus lents que les autres, mais sont-ils plus sympas? «Je l’ignore», répond Raf, sans se jeter des fleurs.
Réparer soi-même
Acquérir une deuche, c’est entrer dans un monde à part: «Il m’est arrivé de décourager des acheteurs potentiels: une deuche est une voiture ancienne qu’il vaut mieux savoir réparer soi-même», raconte Raf. Dans son cercle d’amis, chacun cultive une spécialité mécanique.
«J’ai fait beaucoup d’auto-stop dans ma jeunesse, souvent après avoir trop bu…», reprend le conducteur belge. C’était il y a 20 ans, mais qu’en est-il aujourd’hui? L’auto-stop est-il encore pratiqué en Belgique? «Non, plus depuis l’affaire Dutroux…», répond Raf. Comme dans le Jura cinq ans plus tôt après l’affaire Brigitte Didier, cette autostoppeuse de Tavannes retrouvée morte sous un pont autoroutier de Bienne en 1991.
À cent lieues de ces affaires criminelles, les deuchistes réunis jusqu’à dimanche expriment leur bonhomie en roulant pépère, pas toujours attachés. Ils sont des milliers en provenance d’une trentaine de pays pour un événement étalé sur six jours. «C’est la plus grande manifestation jamais organisée dans le canton du Jura», martèle le directeur de Jura Tourisme Guillaume Lachat. Le week-end s’annonce chaud!