Renvoi de migrants en Grèce: Frontex aurait cofinancé des refoulements

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Renvoi de migrants en GrèceFrontex aurait cofinancé des refoulements

L’ancienne direction de l’agence de surveillance des frontières avait connaissance des renvois illégaux, selon un rapport accablant.

Un membre de l’équipage Sea-Watch donne des gilets de sauvetage aux migrants sur un bateau pneumatique surchargé en mer Méditerranée, le 23 juillet 2022.

Un membre de l’équipage Sea-Watch donne des gilets de sauvetage aux migrants sur un bateau pneumatique surchargé en mer Méditerranée, le 23 juillet 2022.

Via REUTERS

L’ancienne direction de l’agence de surveillance des frontières Frontex avait connaissance des renvois illégaux de migrants en Grèce et aurait même cofinancé des refoulements, selon un rapport accablant dont «Der Spiegel» publie jeudi des extraits. Frontex était au courant très tôt de ces renvois illégaux, parfois brutaux, de demandeurs d’asile vers la Turquie, affirme ce rapport encore confidentiel de l’Office européen de la lutte contre la fraude (Olaf), également consulté par le journal «Le Monde» et le site d’investigation Lighthouse Reports.

«Au lieu d’empêcher les ‘pushback’, l’ancien patron Fabrice Leggeri et ses collaborateurs les ont dissimulés. Ils ont menti au Parlement européen et ont masqué le fait que l’agence a soutenu certains refoulements avec de l’argent des contribuables européens», résume le magazine allemand. Les conclusions des enquêteurs avaient provoqué la démission de Fabrice Leggeri fin avril.

Détails croustillants

Le rapport dévoile de nombreux détails. Comme quand les gardes-côtes grecs ont, le 5 août 2020, traîné un canot pneumatique avec 30 migrants à son bord non vers la Grèce, mais vers la Turquie. Un avion de Frontex qui patrouillait a filmé la scène. Au lieu de s’adresser aux autorités grecques, Frontex a arrêté de faire patrouiller des avions au-dessus de la mer Égée, au motif qu’elle en avait besoin ailleurs. Les enquêteurs citent des témoignages de collaborateurs de Frontex mettant en cause M. Leggeri pour avoir fermé les yeux sur ces actes illégaux. Et ils ont trouvé une note écrite évoquant le retrait des avions de surveillance «pour ne pas être témoin».

Frontex à la manœuvre

L’Olaf rapporte aussi qu’au moins six bateaux grecs, cofinancés par Frontex, auraient été impliqués dans plus d’une dizaine de refoulements entre avril et décembre 2020, ce que l’ancien directeur a toujours rejeté. Interrogée sur la publication, une porte-parole de la Commission européenne a souligné qu’«une série de mesures» avaient déjà été mises en place pour régler la question de la gouvernance de l’agence, dirigée depuis début juillet par la Lettonne Aija Kalnaja.

«En termes de travail sur place avec les autorités grecques, il y a des progrès sur le terrain», a ajouté Anitta Hipper, pointant aussi «une nouvelle proposition de loi pour garantir un système de surveillance solide» du traitement des demandeurs d’asile en Grèce.

En sept ans à la tête de Frontex, Fabrice Leggeri avait accompagné le renforcement de l’agence, qui a été considérablement musclée et dont les effectifs – avec des agents désormais armés – doivent atteindre 10’000 gardes-côtes et gardes-frontières d’ici 2027.

(AFP)

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