FranceLa justice a tranché, Maurice le sanglier peut rester chez sa famille d’accueil
Recueilli blessé en 2014 par un couple en Corrèze, l’animal était menacé d’euthanasie administrative depuis deux ans. L’affaire avait suscité une vague d’émotion en France.
«Maurice», un sanglier recueilli blessé en 2014 par un couple de Montaignac-sur-Doustre, en Corrèze (centre de la France), et menacé d’euthanasie administrative depuis deux ans, a finalement été autorisé par la justice à rester dans sa famille d’accueil. L’animal, un mâle désormais domestiqué qui vit dans un enclos protégé en compagnie de chèvres, poules et oies, ne sera donc pas retiré à ses hôtes.
Mardi devant le Tribunal correctionnel de Tulle, le propriétaire de l’animal, William Vayne, comparaissait pour «prélèvement sans autorisation dans le milieu naturel d’animaux vivants dont la chasse est autorisée» et de «détention non autorisée d’animal d’espèce non domestique». Il a été reconnu coupable d’avoir gardé chez lui le mammifère, aujourd’hui domestiqué, mais dispensé de peine du fait de la régularisation de l’animal, effectuée auprès de la préfecture il y a quelques mois.
Dénonciation anonyme
L’affaire avait débuté en mars 2019 après une dénonciation anonyme aux services de l’Office français de la biodiversité, à la suite de laquelle William Vayne avait demandé à la préfecture l’autorisation de détenir l’animal. Elle lui avait été refusée «en raison de l’origine illégale du sanglier».
«Nous l’avons soigné, j’ai tenté de le faire partir ensuite mais il revenait toujours. Alors on l’a gardé», a expliqué à l’audience le trentenaire qui avait tenté en vain, aussi, de trouver un refuge habilité. «J’espère que Maurice restera à la maison pour continuer à vivre des jours heureux», a-t-il ajouté à la barre.
Quand la Fondation Brigitte Bardot s’en mêle
«On ne peut pas dire que c’est une espèce protégée et chassable en même temps, ce qui pose un premier problème pour l’infraction de détention; le prélèvement est assimilé à une capture, or l’animal est arrivé chez eux», a souligné l’avocat du prévenu, Me Patrice Grillon. Le couple avait lancé une pétition en ligne, «Sauvez Maurice», qui a recueilli plus de 218’000 signatures, ainsi qu’une cagnotte afin de contribuer aux frais de justice.
La Fondation Brigitte Bardot, qui s’était émue du sort de l’animal auprès de la préfecture, a salué mercredi la décision du tribunal. «Cet animal recueilli blessé alors qu’il n’avait que quelques semaines a été soigné et placé dans un environnement adapté. En quoi l’abattre aujourd’hui aurait été une solution, plutôt que le laisser en vie sous la protection de ses bienfaiteurs?», a commenté son porte-parole, Christophe Marie.