Vol MH17La défense affirme que la thèse du missile russe n’est pas prouvée
Jeudi, au procès du crash de l’avion de la Malaysia Airlines, abattu au-dessus de l’Ukraine en 2014, les avocats d’un accusé ont estimé que les preuves d’un missile russe n’avaient pas été apportées.
Les avocats néerlandais d’un des accusés russes du crash du vol MH17 en 2014 ont affirmé jeudi, lors de leurs arguments de clôture, que les procureurs avaient failli à prouver qu’un missile russe avait abattu l’avion, causant la mort de 298 personnes à son bord. Le vol de Malaysia Airlines avait décollé d’Amsterdam vers Kuala Lumpur le 17 juillet 2014, avant de s’écraser dans l’est de l’Ukraine, où Kiev combattait une insurrection pro-Moscou dans deux régions séparatistes frontalières de la Russie.
Le procès de quatre hauts gradés des séparatistes prorusses de l’Est de l’Ukraine a débuté en mars 2020, et a pris une nouvelle signification depuis l’invasion russe fin février. «L’accusation n’a pas réussi à prouver à partir de conversations sur écoute, d’images et de déclarations de témoins qu’il s’agissait du missile qui a abattu le MH17», a déclaré l’avocate Sabine ten Doesschate, qui représente Oleg Poulatov. «Et même si un missile a été lancé, on ne peut pas prouver que c’est bien le missile qui a touché le MH17», a-t-elle ajouté.
Des «scénarios alternatifs»
La défense d’Oleg Poulatov, 53 ans, réclame son acquittement. Ancien membre des forces spéciales russes, il est le seul suspect à disposer d’une représentation légale. Les procureurs néerlandais ont requis en décembre la prison à vie contre les Russes Oleg Poulatov, Sergueï Doubinski, Igor Guirkine, et l’Ukrainien Leonid Khartchenko, les accusant d’avoir abattu l’avion avec un missile sol-air BUK.
Aucun des accusés n’assiste au procès se déroulant au tribunal de Schiphol, situé à quelques encablures de l’aéroport d’où le vol MH17 avait décollé. Lors d’audiences jeudi, les avocats d’Oleg Poulatov ont affirmé qu’il y avait des «trous» dans le dossier de l’accusation, trop concentrée selon eux à prouver qu’un système de missiles BUK avait abattu l’avion. Par exemple, il n’a pas été possible de prouver qu’une colonne de fumée – vue selon les procureurs peu de temps après le tir du missile – appartenait de fait à un missile BUK.
Les avocats d’Oleg Poulatov doivent vendredi discuter de «scénarios alternatifs» sur la manière dont le vol MH17 aurait pu être abattu, après quoi les juges se retireront pour délibérer. Un verdict est attendu au plus tôt en novembre 2022. Les audiences interviennent alors que les combats se poursuivent dans l’est de l’Ukraine et que le procureur en chef de la Cour pénale internationale a qualifié l’ensemble du pays de «scène de crime» après l’invasion russe.