InterviewMichael Jones: «Avec Jean-Jacques Goldman, ça a été un coup de foudre»
Le guitariste gallois réinterprète avec L’héritage Goldman les standards de celui dont il a longtemps été inséparable. À voir sur scène le 6 octobre à Genève et l’an prochain à Lausanne.
- par
- Laurent Flückiger
En presque quatre décennies, Jean-Jacques Goldman (JJG) a bercé plusieurs générations et a même continué à en attirer après son dernier concert en 2004. Pas étonnant alors que ce soient formés plusieurs groupes qui reprennent ses succès en live. Avec L’héritage Goldman, on n’a pourtant pas affaire à un cover band.
Car sur scène, il y a un peu, beaucoup même, d’âme de JJG avec la présence de Michael Jones, qui a été à ses côtés dans presque tous les bons coups et Jacky Mascarel, qui l’a accompagné depuis la tournée «Entre gris clair et gris foncé», en 1988. Avec eux, d’autres musiciens, dont un joueur de cornemuse, Camille Berthollet, Lilian Renaud, du gospel et des jeunes et belles voix. Tout ce monde pour réinterpréter les tubes de Goldman, notamment de façon celtique. Au Venoge Festival, le mois dernier, ils ont fait un carton.
L’héritage Goldman sera le 6 octobre prochain à l’Arena de Genève et, victime de son succès, prolonge sa tournée en 2024 pour s’arrêter le 30 novembre à la Vaudoise Aréna, à Lausanne. Michael Jones, 71 ans, était de passage à Lausanne cette semaine. Et il y avait encore un matin(.ch) pour faire parler son délicieux accent gallois.
Michael Jones, comment est né L’héritage Goldman?
Avec Erick Benzi (ndlr.: l’arrangeur des quatre derniers albums de Jean-Jacques Goldman), on s’est rendu compte que les chansons de Jean-Jacques sont devenues des standards, elles ont traversé quatre générations. L’idée était de les réinterpréter avec de jeunes artistes qui ont su garder leur identité tout en respectant les chansons. Il n’y en a quasi aucune que l’on joue comme l’originale.
Pourquoi cette volonté de les réinterpréter?
Pour ne pas faire tribute. Il y a déjà plein de tribute bands.
Et qu’en pense Jean-Jacques Goldman?
Jean-Jacques reste toujours en dehors. Ce n’est pas quelqu’un qui donne son avis.
Qui vient voir ce spectacle?
Sur scène, nous sommes trois générations. Le public, c’est quatre générations. Bien sûr, avant de commencer ce projet, nous nous sommes demandé si les gens allaient aimer que nous jouions les chansons d’une manière différente et avec des artistes qui ne sont pas de la génération de Jean-Jacques. Mais tout le monde a adhéré. Au point que nous repartons en tournée en 2024.
Ce succès vous a surpris?
Ah oui! La tournée a beaucoup plus de succès que le disque. Quand il est sorti, nous pensions ne faire que quelques dates. Il y a eu un vrai engouement. Donc il y aura un disque live, évidemment.
Votre première rencontre avec Jean-Jacques Goldman, c’était quand?
À la fin des années 70, dans le groupe Thaï Phong. Je l’ai remplacé sur la tournée. Il ne voulait pas quitter son travail pour aller sur la route à l’aventure. Et il a eu raison, parce que ça n’a pas très bien marché. (Rires.) Ensuite, on s’est vus pour choisir les chansons du troisième album avec la production. L’un a écouté ce que faisait l’autre, et vice versa, et ça a été le coup de foudre.
Y a-t-il une chanson de Goldman qui vous touche particulièrement?
«Minoritaire» (sortie en 1982). C’est un peu rock, avec «Nono», de Trust, à la guitare, et j’adore le texte. Cette chanson est magnifique.
Que gardez-vous de l’époque Fredericks Goldman Jones, qui a duré de 1990 à 1996?
Que des bons souvenirs. Bon, il y a des mauvais. Mais malgré nous. Comme la fois où nous nous sommes fait arrêter par la douane à Kinshasa qui disait que nos cassettes étaient de la propagande. Ils nous ont laissés trois heures dans le bus sous le soleil, juste pour nous apprendre à vivre. Il y a eu le cyclone à Haïti, ça ne s’oublie pas. J’ai eu la dengue en Afrique. Sinon, c’était du pur bonheur.
Vous souvenez-vous du jour où Jean-Jacques Goldman a dit qu’il arrêtait?
Oui, nous avons joué pour la dernière fois ensemble en 2004 au Francofolies. Il nous a dit qu’il arrêtait pour le moment. Ça fait un moment.