BasketballAndrej Stimac: «On ne peut pas gagner avec n’importe qui»
À l’heure d’entamer les play-off contre Swiss Central, ce samedi (17h30), les Lions de Genève et leur entraîneur avancent sans certitudes, après une saison régulière tempétueuse.
- par
- Brice Cheneval
Andrej, votre saison régulière s’est achevée le week-end dernier avec l’acquisition in extremis de la 4e place, synonyme d’avantage du terrain au premier tour des play-off. Est-ce un soulagement après toutes les turbulences que vous avez traversées?
Jusqu’à présent, notre saison n’est pas catastrophique. On est à notre place par rapport aux contraintes qu’on a subies et à la qualité de nos concurrents. On ne pouvait pas attendre d’une équipe comme nous, totalement rebâtie l’été dernier, de briller tout de suite. On pouvait peut-être en arriver là avec moins de hauts et de bas, plus de stabilité, mais c’est à travers des moments difficiles qu’on grandit. J’espère qu’on a appris quelque chose tout au long de cette saison et qu’on va en récolter les fruits.
Avec quelles ambitions abordez-vous ces play-off?
On ne peut pas viser trop loin. On ne peut même pas dire qu’on se projette série après série, car on ne peut pas se baser sur une approche générale. C’est presque impossible de gagner trois fois de la même façon. On se mettrait en danger en pensant ainsi. On est sur le point de commencer une partie d’échecs. Il faut vraiment se focaliser sur le prochain match.
Avec Swiss Central, vous retrouvez une équipe que vous avez affrontée à cinq reprises cette saison, pour un bilan de deux victoires et trois défaites. À quel type d’adversité vous attendez-vous?
J’ai beaucoup de respect pour eux. Ils ont de la qualité et de l’expérience. Leurs joueurs suisses majeurs évoluent ensemble depuis pas mal d’années, ça compte. C’est une équipe construite pour être compétitive, très bien équilibrée, profonde et prête pour jouer à ce niveau. Pour beaucoup de gens, cela reste un promu mais il ne faut pas se fier à cela. On doit être conscient de leurs points forts. Après, nous avons terminé devant eux au classement, donc on a le devoir de sortir vainqueurs de cette série. À nous d’imposer notre style.
En tant que joueur et entraîneur, à un degré moindre, vous avez connu le Genève ambitieux et calibré pour le titre. Comment vivez-vous le déclassement actuel?
Il faut prendre ça comme de l’expérience. Je pense qu’on a beaucoup appris de ce qu’on a vécu. Pour être franc, je nous projetais plus haut mais cette illusion s’est envolée au moment de construire notre effectif actuel. Je n’ai pas de regret. On savait qu’on ne serait pas favori. On ne peut pas gagner avec n’importe qui ni n’importe comment. Il nous manque de la stabilité, contrairement à certaines formations qui se sont façonnées patiemment et obtiennent désormais des résultats. C’est un processus nécessaire dans le monde du sport. On a radicalement bouleversé notre équipe à l’intersaison et j’essaye d’en extraire le maximum. On a été contraint de responsabiliser des joueurs qui n’étaient pas destinés à assumer autant de charges. Le problème réside dans les attentes placées en nous. Les gens attendent des titres sans être vraiment conscients de nos moyens actuels. Il faut être réaliste. Cela nous a bloqués, parfois.
Impossible de revenir sur cette saison régulière agitée sans évoquer le départ annoncé d’Imad Fattal. Cela a-t-il affecté votre groupe?
Imad a pris une décision motivée par des raisons tout à fait compréhensibles et je respecte entièrement son choix. Il n’a pas volontairement affaibli le club. On est dans une atmosphère de transition, aucun joueur n’a un contrat garanti pour la saison prochaine et cela se répercute dans l’état d’esprit du groupe. On est des êtres humains, on essaye de suivre une voie mais on ne peut pas rester imperturbables face à cette situation. Ce ne sont pas des excuses, c’est la réalité qu’on doit accepter. Ce n’est pas facile de jongler entre cette instabilité et les attentes autour de nous. Mais cela ne nous empêche pas de donner le maximum et on va continuer à le faire.
Avez-vous, parfois, été gagné par une forme de renoncement?
Je ne suis pas du genre à m’en aller quand ça va mal. Je suis à Genève depuis des années. J’ai tout vécu ici, j’ai contribué à sept des neuf titres remportés par le club, je me sens Genevois. Je suis venu avec l’idée de rester pour toujours et je me comporte ainsi chaque jour.