Grande-BretagneLiz Truss devrait succéder à Boris Johnson
Les Britanniques seront bientôt fixés sur leur nouveau Premier ministre. La ministre des Affaires étrangères est favorite mais les résultats ne seront connus que le 5 septembre.
D’ici quelques jours, les Britanniques connaîtront le nom de leur nouveau Premier ministre et, sauf grosse surprise, la ministre des Affaires étrangères Liz Truss succédera à Boris Johnson, à Downing Street, héritant d’une situation économique et sociale particulièrement difficile. Les sondages la donnent largement en tête des intentions de vote: 32 points d’avance selon YouGov. Les membres du parti conservateur ont jusqu’au 2 septembre pour se prononcer et le résultat sera annoncé le 5.
Britanniques inquiets
La campagne a été violente entre les deux conservateurs candidats à la succession de Boris Johnson démissionnaire: Mme Truss, 47 ans, ministre aguerrie et déterminée, positionnée très à droite, et Rishi Sunak, 42 ans, ancien ministre des Finances à l’expérience politique limitée, qui a joué la carte d’une honnêteté didactique parfois mal reçue.
Dans un pays qui connaît la pire inflation des pays du G7, désormais à 10,1% et qui, selon la banque Citi, pourrait dépasser 18% en avril, chacun a accusé l’autre de répondre à la crise avec des propositions inadaptées, baisses d’impôts pour Liz Truss, aides directes pour M. Sunak.
Les Britanniques inquiets d’un hiver difficile avec la flambée des prix de l’énergie, la dégringolade de leur pouvoir d’achat et des grèves qui s’étendent, n’ont porté qu’un intérêt limité à ces deux candidats qui manquent du charisme de Boris Johnson. Cependant, «dans un parti qui a évolué vers le populisme, elle (Liz Truss) a su se présenter de manière plus authentique, plus ordinaire que Rishi Sunak qui se retrouve facilement assimilé à l’élite mondialisée», relève Tim Bale, professeur à l’université Queen Mary de Londres.
Boris Johnson en vacances
Depuis sa démission le 7 juillet, Boris Johnson a géré les affaires courantes a minima, laissant les grandes décisions à son successeur. Il est parti en vacances à deux reprises, en Slovénie puis en Grèce, et a commencé à déménager. «Où êtes-vous?», lui a encore demandé le 26 août, le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, après l’annonce d’une augmentation de 80% du prix de l’énergie pour les ménages, jugeant «absolument impardonnable» que le gouvernement soit «aux abonnés absents».
Mme Truss, députée depuis 2010 et de son propre aveu oratrice médiocre, a servi dans différents ministères sous trois Premiers ministres depuis 2012. Dans sa jeunesse, elle a milité chez les libéraux-démocrates (centre) avant de rejoindre les conservateurs. En 2016 elle était opposée au Brexit avant de rapidement devenir inflexible sur la question.
Le choix du nouveau Premier ministre est décidé par les seuls membres du Parti conservateur au pouvoir, moins de 200’000 personnes, la plupart des hommes blancs, âgés et aisés, dans un pays qui compte quelque 46 millions d’électeurs inscrits. Le Parti conservateur, fracturé entre divers courants, est au pouvoir depuis douze ans. Tous les sondages indiquent qu’il perdra face aux travaillistes lors des prochaines législatives prévues au plus tard en janvier 2025.