Succession d’Alain BersetEvi Allemann se lance dans la course au Conseil fédéral
La conseillère d'Etat bernoise a annoncé lundi sa candidature à la succession d’Alain Berset au gouvernement. Ce qui ne facilitera pas le choix des socialistes.
C'était dans l'air depuis dimanche, c'est confirmé ce lundi: la conseillère d'État bernoise Evi Allemann a annoncé devant la presse à Berne sa candidature au Conseil fédéral. «Mon coeur est prêt et je suis pleine de vie», a-t-elle lancé. Elle est ainsi la première femme à briguer la succession d'Alain Berset.
La socialiste bernoise, âgée de 45 ans, qui dit faire partie de l’aile droite du PS, siège au gouvernement de son canton depuis 2018. Elle était auparavant conseillère nationale. Elle y avait été élue en 2003, en tant que plus jeune parlementaire élue. Evi Alleman avait en outre déjà tenté sa chance, sans succès, pour prendre la relève de Simonetta Sommaruga au Conseil fédéral en novembre dernier.
Cinq candidats déjà en lice
Cinq candidats se sont déjà lancés dans la course. A savoir le Zurichois Daniel Jositsch, le Bernois Matthias Aebischer, le Bâlois Beat Jans, le Vaudois Roger Nordmann et le Grison Jon Pult. Et ce n'est peut-être pas fini. D’autres prétendants pourraient s’ajouter, dont le coprésident du PS Cédric Wermuth (AG) et la conseillère nationale Tamara Funiciello (BE). Les intéressés ont jusqu’au 29 octobre pour se déclarer auprès du PS.
Reste à savoir qui le groupe socialiste aux Chambres gardera sur le ticket final le 25 novembre prochain. En effet, le président du gouvernement bâlois Beat Jans, souvent cité comme grand favori, a vu le vent tourner après l'annonce de sa candidature. Le puissant lobby agricole ne veut pas de lui (lire encadré) et le soutien dont il bénéficie sous la Coupole se serait aussi effrité.
Pas de Conseil fédéral «composé de préretraités»
Du côté de l'aile influente des Jeunes socialistes (JS) au parlement, on dit en outre ne pas souhaiter de Conseil fédéral «composé de préretraités», rapporte le journal zurichois. Le groupe PS pourrait donc mettre sur le ticket Evi Allemann et le Grison Jon Pult, tous deux d'anciens JS.
Rappelons que le successeur d’Alain Berset sera élu le 13 décembre par les Chambres fédérales.
Les paysans ne veulent pas de Beat Jans, trop… compétent
Marcel Dettling, conseiller national UDC, paysan et membre du comité de l'Union des paysans de Suisse centrale, le dit sans détour dans la «SonntagsZeitung»: «Il n'y a guère de paysans au parlement qui éliront Jans au Conseil fédéral», car il aurait «toujours lutté diamétralement contre les intérêts de l'agriculture».
Mais, selon le journal dominical, la principale préoccupation des agriculteurs serait la compétence même de Beat Jans. Car peu d'autres politiciens s'y connaissent aussi bien que lui en matière d'agriculture et d'écologie. Le Bâlois mettrait donc fin à la constellation quasi idéale du point de vue des paysans au sein du gouvernement avec Albert Rösti et Guy Parmelin. Pour l’heure, si les deux hommes veulent faire passer un dossier du camp paysan, les cinq autres Sages, qui ne sont pas des experts, ont une position difficile au sein du Conseil. Avec Beat Jans, ce serait l'adversaire potentiel le plus fort des paysans qui entrerait dans l'Exécutif.
Les chances que les agriculteurs puissent empêcher Jans de devenir conseiller fédéral sont élevées, car leur pouvoir au Palais fédéral est toujours aussi grand, conclut le journal zurichois.