France«Opération extraordinaire» pour tirer un Suisse d’une crevasse
Les gendarmes ont risqué leur vie pour extraire un homme de 55 ans piégé à 15 mètres de profondeur. Tout risquait de s’effondrer.
- par
- R.M.
Les secouristes ont été alertés mardi vers 15 h 30 pour un skieur alpiniste tombé dans une crevasse sur le glacier de la Jonction, sur le massif du Mont-Blanc. Mais arrivés sur place, les gendarmes du PGHM (peloton de gendarmerie de haute montagne) de Chamonix ont découvert une situation extrêmement dangereuse.
L’homme, un Suisse alémanique de 55 ans, est piégé à 15 mètres de profondeur, relate «Le Dauphiné». Il est «complètement coincé» au fond d’une crevasse, sous un amas de blocs de glace et de roche. Seule sa tête est visible. Il est conscient et peut communiquer mais tout autour de lui risque de s’effondrer.
«La crevasse est surplombée par un mur fracturé de glace et de rochers d’une trentaine de mètres de hauteur, faisant entendre continuellement ses craquements. Celui-ci menace directement de s’écrouler. Descendre dans la crevasse signifie clairement s’exposer à un grave péril. Un cas de conscience énorme se pose à l’équipe d’intervention. Faut-il y aller?» écrivent les gendarmes.
Trois heures de déblaiement
Ils décident d’y aller mais de «minimiser le nombre de gendarmes secouristes présents au fond de la crevasse pour déblayer et arrimer les blocs rocheux.» S’ensuit ce qui est décrit comme une «opération extraordinaire qui s’apparente à un chantier de déblaiement en haute montagne». Les secouristes expliquent avoir utilisé «tout le panel des matériels à leur disposition: coussins de levage, tronçonneuse, tire-fort, treuil, palan, perforateur». La difficulté étant de réussir à lever les blocs «sans écraser l’alpiniste», est-il précisé.
Après plus de 3 heures de travail, le dernier bloc est enfin dégagé. Mais il faut encore extraire l’alpiniste suisse en «le mobilisant le moins possible». Une opération qui a été réalisée grâce à un hélicoptère par un treuillage long, avec l’assistance d’un médecin. À 19 h 30, quatre heures après le début de l’opération, l’homme a enfin pu être extirpé de son piège et héliporté à l’hôpital d’Annecy. Il était en hypothermie sévère et blessé à un bras, qui a été écrasé par un bloc.
Mauvaise période
Pour le sauver, les gendarmes se sont clairement mis en danger. «Si nous n’avions pas eu de signe de vie du skieur, nous n’aurions pas pris le risque», tranche l’adjudant Rondot dans «Le Dauphiné».
Le quotidien français souligne que le Mont-Blanc est particulièrement piégeux en ce moment, une «période de transition entre un hiver pas assez enneigé et un été qui n’est pas encore là». La société de prévention et de secours en montagne La Chamoniarde demande aux alpinistes d’étudier minutieusement leur parcours avant de s’élancer ou d’attendre de meilleures conditions.