Guerre en UkrainePour négocier avec Moscou il faut être «mal informé», selon Kiev
Dmytro Kouleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères, ne veut pas que des pourparlers permettent à Poutine de faire «une pause avant une agression encore plus importante».
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a estimé, jeudi, que seules des personnes «mal informées» ou induites en erreur pourraient pousser leur pays à négocier avec la Russie.
«Ceux qui affirment que l’Ukraine devrait négocier avec la Russie maintenant sont soit mal informés, soit trompés, soit ils se rangent du côté de la Russie et veulent que Vladimir Poutine fasse une pause avant une agression encore plus importante», a-t-il écrit sur X (anciennement Twitter). «Nous ne devrions pas tomber dans ce piège, et nous ne le ferons pas.»
Selon des médias occidentaux, certains alliés de Kiev ont commencé à soulever la question de pourparlers de paix avec la Russie, face à l’absence de mouvements majeurs sur le front depuis un an et aux inquiétudes sur la capacité des Occidentaux à continuer à soutenir l’Ukraine dans sa guerre.
Deux cents cycles, 20 cessez-le-feu
Kiev a tenu de multiples tours de négociations avec Moscou entre 2014, quand la Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée et organisé un conflit armé dans l’est de l’Ukraine, et l’invasion russe, en février 2022, a mis en avant Dmytro Kouleba. «Aucun des 200 cycles de négociations ou des 20 cessez-le-feu n’a empêché Poutine de lancer une invasion brutale et totale de l’Ukraine», a-t-il poursuivi.
Sous médiation franco-allemande, Kiev et Moscou ont notamment conclu, en 2014 et 2015, des accords de paix dits «de Minsk», qui ont réduit l’intensité des hostilités dans l’est de l’Ukraine, mais sans les arrêter.
Les négociations directes entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko, – président ukrainien de 2014 à 2019 –, puis la rencontre entre le président russe et Volodymyr Zelensky à Paris, en décembre 2019, n’ont pas apporté de paix durable.
Zelensky ferme
Au début de l’invasion, des responsables ukrainiens et russes se sont rencontrés à plusieurs reprises, notamment en Biélorussie et en Turquie. Le président Zelensky a mis fin à ces pourparlers après la découverte à Boutcha, près de Kiev, d’atrocités imputées à l’armée russe par l’Ukraine et l’Occident, ce que Moscou dément.
Volodymyr Zelensky a répété, la semaine dernière, que son pays ne négocierait pas avec la Russie tant que ses troupes étaient sur son sol et que Vladimir Poutine restait au pouvoir.
Dialogue «absolument nécessaire» pour Moscou
«Il est grand temps que tout le monde, à Kiev et à Washington, se rende compte qu’il est impossible de vaincre la Russie sur le champ de bataille», a de son côté déclaré, mercredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il a assuré que le dialogue était «absolument nécessaire» et que Moscou était «certainement prêt à le commencer».