Royaume-UniLondres renverra les demandeurs d’asile au Rwanda
Le gouvernement a signé un accord controversé en espérant dissuader les traversées illégales de la Manche qui ont atteint des records.
![Selon l’opposition, le Premier ministre britannique Boris Johnson tente de détourner l’attention après avoir reçu une amende pour une fête d’anniversaire en plein confinement. Selon l’opposition, le Premier ministre britannique Boris Johnson tente de détourner l’attention après avoir reçu une amende pour une fête d’anniversaire en plein confinement.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/f80881c3-0534-411d-9df6-fc3e656e6e36.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1372&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=f1c5af53b759d54ce6f30d4c6d37d33c)
Selon l’opposition, le Premier ministre britannique Boris Johnson tente de détourner l’attention après avoir reçu une amende pour une fête d’anniversaire en plein confinement.
AFPDes demandeurs d’asile arrivant au Royaume-Uni vont être envoyés au Rwanda, selon un accord controversé annoncé jeudi par le gouvernement de Boris Johnson. Un accord a finalement été annoncé jeudi avec le Rwanda, où s’est rendue la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel.
Record de traversées illégales
Alors que le dirigeant conservateur avait promis de contrôler l’immigration, un des sujets clés dans la campagne du Brexit, le nombre de clandestins traversant la Manche a triplé en 2021.
Désireux de regagner en popularité et séduire leurs électeurs, Boris Johnson et son gouvernement cherchent depuis des mois à conclure des accords avec des pays tiers où envoyer les migrants en attendant de traiter leur dossier. Evoqué, le Ghana a fermement nié en janvier être en discussion avec le Royaume-Uni sur le sujet.
«Le Rwanda se réjouit de ce partenariat avec le Royaume-Uni pour accueillir des demandeurs d’asile et des migrants, et leur offrir des voies légales pour vivre» dans ce pays d’Afrique de l’Est, a déclaré dans un communiqué le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta.
Facture à plus de 140 millions
Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 120 millions de livres sterling, soit quelque 144 millions de francs.
Dans un discours prévu dans le Kent (sud-est de l’Angleterre), non loin des côtes anglaises ou arrivent les migrants par bateaux, Boris Johnson doit détailler ses mesures pour «casser les structures des passeurs, intensifier les opérations dans la Manche, poursuivre plus de criminels en justice et mettre fin au commerce barbare de la misère humaine», selon Downing Street.
«Je comprends que ces personnes recherchent une vie meilleure (…) et les espoirs d’un nouveau départ», doit déclarer M. Johnson, selon ses services. «Mais ces espoirs, ces rêves, ont été exploités. Ces passeurs abusent de personnes vulnérables et font de la Manche un cimetière sous-marin».
Envoyer des demandeurs d’asile à plus de 6000 kilomètres du Royaume-Uni vise à décourager les candidats au départ vers le Royaume-Uni, toujours plus nombreux: 28’500 personnes ont effectué ces périlleuses traversées en 2021, contre 8466 en 2020… et seulement 299 en 2018, selon des chiffres du Ministère de l’intérieur.
Contraire au droit international
Mais les militants des droits de l’homme ont dénoncé cette politique jugée «scandaleuse» et «barbare». Steve Valdez-Symonds, directeur des droits des réfugiés et des migrants d’Amnesty International Royaume-Uni, a dénoncé «une idée scandaleusement mal conçue» qui «fera souffrir tout en gaspillant d’énormes sommes d’argent public», soulignant aussi le «bilan lamentable en matière de droits humains» de la nation africaine.
Côté politique, l’opposition a également dénoncé «l’inhumanité» du projet. Même dans les rangs conservateurs, les critiques ont fusé, le député Tobias Ellwood estimant sur la BBC qu’il s’agit d’une «énorme tentative de détourner l’attention» des déboires de Boris Johnson dans le «partygate».
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), cette loi, si elle est adoptée, contredirait la Convention de Genève pour les réfugiés, qu’a signée le Royaume-Uni.