SantéLe prix des médicaments bon marché pourrait doubler en 2024
Berne veut favoriser l’utilisation des génériques en augmentant de 50 à 100% les marges des pharmaciens sur les médicaments soumis à ordonnance vendus à moins de 10 francs.
Les personnes qui ont besoin de médicaments bon marché, par exemple pour le traitement de l’hypertension, du cholestérol ou de douleurs chroniques, doivent se préparer à un «choc des prix» à partir de 2024, écrit la «NZZ am Sonntag» du jour. Car, comme le journal l’a appris de sources professionnelles, 60% des médicaments remis par les pharmacies et les médecins devraient subir une telle hausse (lire encadré). À l’inverse, la réforme prévoit de faibles baisses de prix pour les substances de prix moyen (dès environ 35 fr. par emballage en pharmacie) et des baisses de prix nettes pour les produits les plus chers (dès environ 900 fr.).
L’objectif de la réforme: réduire les marges des pharmaciens et médecins sur la vente de substances originales, afin qu’ils recommandent des génériques, moins chers, à leurs patients. Avec à la clé une réduction de 60 millions de francs par an des dépenses des caisses maladie pour ces médicaments.
Peu de voix critiques
La réforme, sur laquelle le Conseil fédéral se prononcera cet automne, repose sur un accord conclu au terme d’une procédure compliquée entre associations de pharmaciens, d’hôpitaux, de médecins et d’assurances maladie et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). La majorité des associations contactées par le journal zurichois s’en sont déclarées satisfaites. Parmi les voix critiques, Santé suisse, l’association des assureurs-maladie, écrit qu’elle «s’oppose avec force en particulier au fort renchérissement des médicaments bon marché, qui sont en outre souvent payés de leur poche par les patientes et les patients ayant des franchises élevées». Interrogé à ce propos, l’OFSP estime que la réforme mènera globalement à des économies de l’assurance maladie obligatoire sur la part des distributeurs, malgré une certaine hausse des médicaments originaux à bas prix.
Quant aux fabricants de génériques, qui n’ont pas participé aux discussions, ils sont favorables aux changements prévus. Mais ils craignent d’être pris sous le feu croisé des patients frustrés qui pourraient les rendre responsables de l’augmentation des coûts.
Une réforme imparfaite
Les détails de la réforme des prix des médicaments étaient jusqu’ici restés secrets, et pour cause: pour parvenir à compenser la baisse des marges dans le secteur des produits coûteux, le commerce doit pouvoir s’en prendre à ceux de masse les moins chers, dont de petits emballages d’analgésiques courants, d’antibiotiques, d’antihypertenseurs ou de bloqueurs d’acide gastrique.
Paracétamol à 15,79 au lieu de 7,65 francs
La «NZZ am Sonntag» donne l’exemple d’une boîte de 20 comprimés de paracétamol à 1 g de principe actif fabriqué par Sandoz. Aujourd’hui, le fabricant touche 3,11 francs précisément et la pharmacie peut la vendre 7,65 francs. Si la réforme aboutit, le patient devra débourser 15,79 francs, mais le fabricant ne touchera pas un centime de plus.