France: Avec la grippe aviaire, les élevages de plein air «menacés»

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FranceAvec la grippe aviaire, les élevages de plein air «menacés»

Sur le territoire français, les volailles ne peuvent plus s’ébattre en plein air, en raison de la propagation de la grippe aviaire.

Le niveau de risque lié à la grippe aviaire est désormais jugé «élevé», en France.

Le niveau de risque lié à la grippe aviaire est désormais jugé «élevé», en France.

Reuters

Les volailles de plein air doivent de nouveau être confinées partout en France pour tenter d’endiguer la grippe aviaire, qui a entraîné l’abattage de plus de 770’000 animaux depuis l’été, et suscite le désarroi du monde agricole. Le niveau de risque lié à la grippe aviaire a été porté de «modéré» à «élevé» sur l’ensemble du territoire métropolitain par un arrêté publié jeudi au «Journal officiel».

«Dans un contexte marqué par une persistance inédite du virus dans l’environnement et une forte activité migratoire d’oiseaux sauvages, il est essentiel de renforcer les mesures de prévention pour éviter la contamination des élevages de volailles», a justifié le Ministère de l’agriculture dans un communiqué. Cela impose la «mise à l’abri de toutes les volailles», rappelle le ministère qui prévient que les éleveurs récalcitrants ne pourront pas prétendre pleinement aux indemnisations de l’État en cas d’abattage sanitaire.

«Confiner, on a bien vu que ça ne marche pas»

Les grandes régions de production de volailles – Bretagne, Pays de la Loire, ainsi que le département des Deux-Sèvres – devaient déjà enfermer les volailles depuis la mi-octobre, au grand dam du syndicat Confédération paysanne qui redoute «la mort de l’élevage plein air».

«Confiner, on a bien vu que ça ne marche pas, ça ne protège pas du virus», déplore ainsi auprès de l’AFP Lionel Candelon, éleveur dans le Gers et président de l’association Canards en colère qui redoute «qu’on abatte 15 millions de volailles» cet hiver.

Des volailles saines sont abattues

Les volailles n’auront finalement été autorisées à goûter au grand air que quelques mois cette année. Quarante-neuf foyers ont été recensés dans les élevages depuis le 1er août. En l’espace de trois mois, plus de 770’000 canards, poulets ou poules pondeuses ont déjà été abattus, a appris l’AFP auprès du ministère. Ce bilan a plus que doublé depuis octobre.

Des volailles indemnes sont également abattues préventivement autour des foyers. La Confédération paysanne a dénoncé jeudi «la décision d’abattage préventif d’animaux sains, sans discernement, qui frappe aujourd’hui en Deux-Sèvres un élevage plein air de volailles».

«Frissons»

Le virus a recommencé à frapper des élevages français dès l’été, de manière exceptionnellement précoce, après une saison 2021-2022 catastrophique. Plus de 20 millions de volailles avaient été abattues entre l’automne 2021 et le printemps 2022. Cet épisode, inédit par son ampleur, a bouleversé le monde avicole. Les grandes terres d’élevage que sont les Pays de la Loire et la Bretagne, épargnées lors des précédentes crises liées au virus, ont été particulièrement touchées.

«Les éleveurs sont traumatisés, certains arrêtent de produire pour ne pas revivre le printemps» dernier, souligne le président de la Chambre d’agriculture de Vendée, Joël Limouzin. La situation «donne des frissons», a déclaré mercredi devant la presse le président de l’interprofession de l’œuf (CNPO), Yves-Marie Beaudet, alertant sur les menaces pesant sur la production nationale d’œufs.

Plus d’un milliard

D’abord réticents à l’égard de la vaccination contre l’IAHP, les professionnels de l’aviculture attendent désormais avec impatience que des vaccins soient autorisés. Une expérimentation est en cours en Europe. Pour Joël Limouzin, c’est la seule manière de faire face à un virus devenu «endémique». Sinon, «comment continuer» à produire si des millions d’animaux doivent être euthanasiés chaque année, s’interroge le vice-président du syndicat majoritaire FNSEA.

Avant même la reprise de l’épizootie pendant l’été, la facture de la grippe aviaire s’élevait pour l’État français à plus d’un milliard d’euros (quelque 984 ‘624’ 763 francs), destinés à indemniser les pertes des professionnels. Les confinements à répétition entraînent la suspension des mentions de l’élevage plein air dans les cahiers des charges de productions réputées, comme le canard à foie gras du Sud-Ouest ou les œufs de Loué.

(AFP)

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