Alex Fiva: «Je ne sais pas si je continue»

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SkicrossAlex Fiva: «Je ne sais pas si je continue»

Le Grison de 38 ans laisse son avenir entre les mains de sa femme et de ses enfants. Il a une grosse fin de saison à gérer, en attendant de savoir s’il pousse jusqu’aux Mondiaux «zu Hause» en 2025.

Robin Carrel - Veysonnaz
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Robin Carrel - Veysonnaz
Le «Californien» est presque coach à mi-temps au sein de Swiss-Ski.

Le «Californien» est presque coach à mi-temps au sein de Swiss-Ski.

IMAGO/ZUMA Press

Il y a des athlètes comme ça, qu’on aime particulièrement. Déjà pour ses performances et son caractère, mais aussi pour une raison toute bête, c’est un skieur que j’ai interviewé lors d’un des premiers «grands reportages» de ma carrière. C’était à Voss, en Norvège, lors des Mondiaux de freestyle en 2013. Alex Fiva est à peu près de ma génération et une décennie à suivre quelqu’un, même des fois de loin, ce n’est pas rien.

Ce samedi, à Veysonnaz, le Grison de 38 ans né en Californie joue gros, car il est comme le bon vin. Le vice-champion olympique de Pékin est à la lutte pour le globe de sa spécialité et ce serait un beau couronnement pour celui qui arrêtera peut-être la semaine prochaine, après les finales d’Idre Fjäll en Suède. Ça, ce seront sa femme et ses enfants qui décideront.

Alex, qu’est-ce qui vous fait encore skier à un âge aussi avancé (ndlr: oui, je me suis permis, parce que je suis plus vieux que lui)?

Ben c’est surtout parce que je vais encore vite sur les skis (il se marre). Et ça permet de rester jeune de skier avec toute cette nouvelle génération. Et puis faire du skicross, c’est ce qui me rend heureux. C’est tout, voilà!

La première fois qu’on a causé les deux, c’était il y a onze ans. Mon premier beau reportage loin de chez moi. J’ai l’impression que vous êtes largement meilleur aujourd’hui…

Ouais, je crois. Mais je ne suis pas sûr.

Mais si vous deviez courir contre l’Alex de 2013, vous le battriez, non?

C’est une bonne question. Cette année-là, j’avais quand même gagné le classement général de la Coupe du monde. Mais mes qualités d’aujourd’hui sont vraiment différentes. À l’époque, j’étais excellent au niveau du départ et sur le parcours, ce n’était pas vraiment ça. Je n’étais pas bon quand il s’agissait d’essayer de dépasser les autres. Aujourd’hui, avec l’âge, je suis moins vigousse à la sortie des portillons. Du coup j’ai dû adapter ma façon de skier. Bon, cette année, je prends des départs canons aussi, hein. Mais ces dernières années, c’était compliqué. Alors j’ai dû compenser ailleurs. Mais je pense que je me battrais, ouais. Surtout…

Une médaille qui n’a pas changé sa vie.

Une médaille qui n’a pas changé sa vie.

imago images/Xinhua

L’expérience?

Clairement. Mais pas que. Sérieusement, notre sport a beaucoup évolué en une décennie. Il est devenu tellement plus professionnel (ndlr: il nous a raconté une anecdote folle: quand il a commencé le skicross, aux X-Games, ils étaient six en piste et c’était un tout autre chantier…). Au départ, franchement, je m’entraînais genre tout seul, ou des fois au sein d’une structure. Et maintenant, c’est pointu. J’ai grandi avec ça et ça m’a permis de progresser avec mon sport.

Et dorénavant, avec la jeune génération, vous êtes un peu un skieur/coach, non?

Ouais, je pense, c’est vrai. Je suis un peu des deux. J’essaie toujours d’aider. Et je pense et j’espère que ça les aide. On est une équipe forte. Et ce niveau général élevé me permet de devenir meilleur. Parce qu’à l’entraînement, j’ai tous les jours à côté de moi ce qui se fait de mieux et ça, ça fait une grosse différence.

Les Mondiaux, l’année prochaine, pas loin de chez vous… C’est ce qui vous garde en piste?

Pffff, honnêtement, c’est encore tellement loin! Pour être honnête, je ne suis pas sûr de continuer l’année prochaine.

Quoi?

Oui, vraiment. Il faut que j’en parle en famille. J’ai deux enfants, vous savez… S’ils sont d’accord, alors peut-être. Ce seront eux, ainsi que ma femme, qui prendront la décision. C’est dur d’être si souvent loin de la maison, franchement.

Ils ont quel âge les petits?

Trois et cinq ans. Le plus vieux commence vraiment à comprendre ce que je fais comme métier et où je vais quand je dois partir de la maison. Donc ça devient de plus en plus dur. Après, s’ils disent les trois oui, c’est clair que les Mondiaux à la maison deviendront un gros but. Mais bon, avec l’équipe qu’on a, il faudra déjà se qualifier en premier lieu. Ouais…

Le skicross est un sport très olympique. On en parle surtout tous les quatre ans. Votre médaille d’argent a changé votre vie?

Pour les médias, c’est clair. Mon nom est revenu plus souvent. Autrement, en dehors, pas vraiment. Moi j’ai continué à faire mon job et le quotidien n’a pas été bouleversé. Et puis je ne suis pas franchement le meilleur pour me vendre. Moi je me concentre sur ce que j’ai à faire et essayer de skier vite, histoire de continuer à avoir des résultats.

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