VaticanFemmes, couples gays: des cardinaux disent leurs «doutes» au pape
Cinq cardinaux conservateurs ont publiquement demandé au souverain pontife de réaffirmer la doctrine catholique sur les couples homosexuels et l’ordination des femmes.
Dans un document officiel publié par deux blogs spécialistes du Vatican et consulté par l’AFP, cinq cardinaux interpellent le pape sur la bénédiction des couples de même sexe, l’ordination des femmes ou encore les conditions de l’absolution. Interrogé, le Vatican a renvoyé vers une réponse de sept pages où le pape affirme que la «Révélation divine» est «immuable», tout en affirmant que l’Église a «besoin de grandir dans sa compréhension».
N’étant pas satisfaits de cette réponse, les signataires ont reformulé leurs «Doutes» («Dubia» en latin) et publié une lettre ouverte aux catholiques, publiée par ces blogs. Ils y expliquent avoir, «devant la gravité de la matière», le «devoir d’informer» les fidèles «afin qu’(ils) ne soient pas sujets à la confusion, à l’erreur et au découragement».
Évêques réunis en assemblée
Ces cinq cardinaux, nommés par Benoît XVI et Jean Paul II et connus pour leurs positions conservatrices, sont le cardinal allemand Walter Brandmüller, l’Américain Raymond Burke, le Mexicain Sandoval Íñiguez, le Guinéen Robert Sarah et le cardinal Joseph Zen, ancien évêque de Hong Kong. Aucun n’a de fonction dans le gouvernement du Saint-Siège.
Cette publication intervient deux jours avant l’ouverture de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, lors de laquelle plus de 450 membres – évêques, femmes et laïcs – débattront à huis clos pendant un mois sur une série de sujets de société, à la suite d’une vaste consultation de deux ans des catholiques du monde entier.
Dévoiement de la doctrine
Accueil des personnes LGBT+ et des divorcés, polygamie, prêtres mariés, place des femmes, violences sexuelles: les sujets remontés par les fidèles comprennent une série de questions sensibles et ont fait naître la crainte d’un dévoiement de la doctrine chez une frange conservatrice de l’Église. Pour la première fois dans l’histoire de l’Église catholique, François a aussi ouvert le droit de vote à des femmes et des laïcs non consacrés, une décision qualifiée de «révolution» par les observateurs.
Cette Assemblée générale ordinaire, qui a un rôle consultatif, sera suivie d’une deuxième session en octobre 2024, à la suite de laquelle le pape pourrait éventuellement prendre en compte les conclusions de ces travaux dans un document officiel. Depuis son élection en 2013, le pape François a à plusieurs reprises suscité l’ire des conservateurs, notamment en restreignant l’usage de la messe traditionnelle en latin en 2021.