Royaume-UniGrande première, Elizabeth II recevra le nouveau Premier ministre en Écosse
La reine est actuellement dans son château écossais de Balmoral. C’est là qu’elle recevra, mardi, la personne qui succédera à Boris Johnson au poste de Premier ministre, et pas à Buckingham.
C’est une première pour Elizabeth II: la reine de 96 ans restera dans sa résidence écossaise de Balmoral, où elle se trouve actuellement, pour y recevoir le nouveau Premier ministre britannique au lieu de rentrer à Londres, bousculant la transition. Vu ses difficultés croissantes à se déplacer, la presse s’interrogeait sur un retour de la monarque pour officialiser au palais de Buckingham, comme le veut la tradition, l’entrée dans ses fonctions du 15e chef de gouvernement en 70 ans de règne.
La cheffe de la diplomatie, Liz Truss, est considérée comme la grande favorite face à l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak pour remporter l’élection interne au Parti conservateur et remplacer Boris Johnson au 10 Downing Street.
Le palais a confirmé, mercredi, que le ballet très codifié qui entoure le changement de Premier ministre serait modifié. Après la fin du vote, vendredi, et la proclamation du résultat, lundi, Boris Johnson se rendra mardi à Balmoral, où la reine passe habituellement la fin de l’été, pour officiellement présenter sa démission. Il sera suivi de son remplaçant, a précisé un porte-parole.
De quelques centaines de mètres à 800 kilomètres
Cette décision a été présentée comme une manière de faciliter l’organisation de la passation de pouvoir pour l’agenda du Premier ministre, en évitant des modifications de dernière minute. Elle va cependant quelque peu compliquer la transition: le trajet de quelques centaines de mètres pour rallier Downing Street au palais de Buckingham sera remplacé par un voyage de 800 kilomètres, retardant potentiellement les discours d’adieu et de prise de fonctions et le processus laborieux de formation du nouveau gouvernement.
«Je ne parle pas de mes conversations avec la reine, aucun Premier ministre ne le fait jamais», a déclaré Boris Johnson, interrogé sur ce changement de protocole. «Mais ce que je peux vous dire, c’est que nous ferons certainement en sorte que la passation de pouvoir soit arrangée d’une manière qui lui convienne parfaitement, quoi qu’elle veuille.»
L’audience de Balmoral constituera le premier contact officiel entre la reine, la cheffe de l’État, et le Premier ministre qui prendra ses fonctions après une série de scandales qui ont poussé Boris Johnson vers la sortie. Et ce dans un contexte explosif pour le Royaume-Uni, confronté à une grave crise liée à l’augmentation du coût de la vie, qui provoque des grèves inédites depuis les années 1980.
Liz Truss en pole position
Liz Truss, dont la victoire est quasi assurée au vu des sondages réalisés parmi les 200’000 adhérents appelés à voter, a promis des baisses d’impôts massives et s’est montrée réticente quant à des aides directes. Mais l’aggravation de la crise, ces dernières semaines, avec une inflation à plus de 10% et même attendue à 22% dans le scénario du pire de la banque Goldman Sachs, crée une pression considérable pour une intervention rapide après un été de quasi-vacuité du pouvoir.
Depuis une nuit à l’hôpital, il y a près d’un an, pour des examens jamais précisés, la reine se montre de plus en plus rarement en raison de problèmes pour se déplacer. Elle délègue une part croissante de ses fonctions à son fils Charles, qui avait notamment prononcé à sa place, en mai, pour la première fois, le discours du trône au Parlement, l’une de ses prérogatives protocolaires essentielles.