Environnement: Les entreprises pétro-gazières loin du compte

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EnvironnementLes entreprises pétro-gazières loin du compte

Le groupe de recherche Carbon4 Finance a publié son rapport ce vendredi. Ce dernier estime que malgré le risque climatique, les entreprises pétrolières ne prévoient pas de réduire leur production de pétrole et de gaz à court, voire moyen terme.

La hausse de la production des hydrocarbures entre 2016 et 2021 a été principalement portée par l’Amérique du Nord (+66%) et le boom du pétrole et gaz de schiste aux États-Unis.

La hausse de la production des hydrocarbures entre 2016 et 2021 a été principalement portée par l’Amérique du Nord (+66%) et le boom du pétrole et gaz de schiste aux États-Unis.

AFP

Malgré les appels à tourner le dos aux énergies fossiles, le secteur des hydrocarbures, toujours accro au pétrole, est loin d’avoir entamé une «transformation sérieuse» pour contribuer à la lutte contre le changement climatique, selon un rapport du groupe de recherches Carbon4 Finance publié vendredi.

«Les entreprises pétrolières semblent ignorer les risques liés au changement climatique, et ne prévoient pas de réduire leur production de pétrole et de gaz à court, voire moyen terme», peut-on lire dans ce rapport destiné aux investisseurs.

Les volumes de production d’hydrocarbures (en barils équivalent pétrole) de 150 entreprises du secteur analysées par les experts de Carbon4 Finance ont augmenté de 31% en moyenne entre 2016 et 2021, selon ce rapport. Une hausse principalement portée par l’Amérique du Nord (+66%) et le boom du pétrole et gaz de schiste aux États-Unis.

Le rapport rappelle les injonctions pesant sur le secteur, un mois après l’accord de la COP28 à Dubaï, qui a entériné pour la première fois le principe de «transitionner hors» des hydrocarbures, tout en reconnaissant le rôle du gaz, moins émetteur que le pétrole, comme énergie de transition.

Un rapport basé sur 150 grandes compagnies pétro-gazières

À partir de données de référence de 2021 communiquées en 2022 par les entreprises, les experts ont analysé la contribution à l’économie bas-carbone de 150 grandes compagnies pétro-gazières privées (de l’exploration à la vente) en Europe, Asie et en Amérique du Nord, représentant 86% de la capitalisation boursière du secteur.

Leur classement des entreprises selon leurs efforts de décarbonation montre qu’une «écrasante majorité (…) n’a pas entamé de transformation sérieuse, à même de réduire drastiquement les émissions issues de la combustion des produits fossiles», principales causes avec le charbon du réchauffement climatique. Ces entreprises continuent d’ailleurs «d’allouer très majoritairement leurs capacités d’investissement dans l’exploration et l’exploitation de nouveaux gisements, au détriment des énergies bas-carbone», ajoute Carbon4 Finance.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) martèle pourtant depuis 2021 qu’il ne faut plus lancer de nouveaux projets pétroliers et gaziers si le monde veut avoir une chance de limiter le réchauffement de la planète en dessous de la limite de +1,5 °C comparé à l’ère pré-industrielle, fixée par les Accords de Paris.

La «profitabilité des hydrocarbures» en question

Carbone4 Finance impute le «manque d’ambition» du secteur à la «profitabilité des hydrocarbures», dont le taux de rendement interne des capitaux investis «se situe autour des 20%, contre 5-6% pour les énergies renouvelables».

Mais à l’inverse, «les investisseurs croient en la pérennité des résultats des entreprises de renouvelables sur une plus longue période que pour les hydrocarbures, ce qui explique qu’ils acceptent de payer les actions beaucoup plus cher dans les renouvelables au regard de leurs résultats», explique à l’AFP Laurent Morel, associé de Carbon4 Finance. Autrement dit, malgré la rentabilité immédiate des hydrocarbures, «l’investisseur manifeste une plus grande croyance dans la pérennité des renouvelables que dans celle des énergies fossiles».

Des investisseurs exposés au «risque de transition»

Les experts de Carbon4 Finance soulignent que les producteurs, raffineurs et vendeurs de pétrole doivent ainsi être considérés par les investisseurs comme «plus fortement» exposés au «risque de transition».

Les acteurs qui sont majoritairement tournés vers le pétrole ont en effet les «intensités carbones les plus élevées» tandis que les acteurs principalement dépendants du gaz ont les «intensités carbones les plus faibles».

Au moment aussi où le public et les investisseurs réclament une plus grande transparence du secteur sur ses objectifs climatiques, beaucoup de chemin reste à faire. Selon Carbon4 Finance, seules 15% des entreprises de l’échantillon communiquaient leurs émissions issues de la combustion des produits pétroliers et gaziers vendus, le principal enjeu du secteur.

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