Qatar 2022La France arrache sa place en finale face au Maroc
Les tenants du titre seront au rendez-vous de la finale de la Coupe du monde 2022 de football. Ils défieront l’Argentine dimanche, après avoir vaincu difficilement de vaillants marocains (2-0).
- par
- Robin Carrel
Et une, et deux et trois étoiles? Comme à chaque fois que les Bleus disputent une demi-finale d’une grande compétition depuis 1996 - et une défaite aux tirs au but contre la Tchéquie -, ils gagnent! Cette fois, ce sont les Marocains qui ont fait les frais du réalisme français. Les tenants du titre peuvent donc encore défendre victorieusement leur trophée rapporté de Russie en 2018 et ils n'étaient pas nombreux à le penser quand les forfaits de Paul Pogba, Karim Benzema et N'Golo Kanté avaient été annoncés en amont de la compétition. C'est pourtant cette incroyable machine à gagner (à ne pas perdre?) qui défiera dimanche à 16 heures l'Argentine pour le défi ultime: barrer la route du titre mondial à Lionel Messi.
Aucune équipe n'avait réussi à marquer contre le Maroc au Qatar - il n'avait jusqu'ici encaissé qu'un seul but du Mondial, un «csc» de Nayef Aguerd contre le Canada (2-1) - et la France n'a eu besoin que de cinq minutes pour faire sauter le verrou. Un ballon bien amené par Antoine Griezmann et que Kylian Mbappé avait envoyé sur la main d'un défenseur est arrivé sautillant au deuxième poteau sur Théo Hernandez. Le latéral de l'AC Milan l'a parfaitement smashé de volée au fond des filets. Quatre des six derniers buts français inscrits à ce niveau l'ont été par des défenseurs (Lilian Thuram contre la Croatie en 1998 et Samuel Umtiti contre la Belgique en 2018).
Depuis le début du tournoi, Kylian Mbappé avait compilé à peu près les mêmes statistiques offensives que toute l'équipe marocaine réunie. Le Parisien, qui sortait d'un quart de finale compliqué, bien muselé par Kyle Walker, ne s'en est pas forcément mieux sorti face à son coéquipier en club et grand ami dans la vie Achraf Hakimi et la musculeuse défense marocaine. Le No 10 français a certes fait peser une menace constante en contre et été impliqué sur les deux buts, mais c'est surtout Griezmann qui a été à son avantage mercredi, dans un registre très défensif et une omniprésence incroyable dans sa propre surface.
Les Français auraient pu se mettre à l'abri dès la première période, quand Olivier Giroud a envoyé un tir puissant sur le poteau (17e) ou raté un tir à dix mètres à la 36e. Mais il était écrit qu'ils souffriraient jusqu'au bout ou presque. La formation de Didier Deschamps a dû patienter jusqu’à la 79e pour enfin souffler un peu, grâce à Randal Kolo Muani, tout juste entré et décisif sur son premier ballon. Un minimum vital habituel pour cette France, mais encore une fois un minimum gagnant.
Jamais un pays qui ne vient ni d'Europe, ni d'Amérique du Sud n'a joué de finale de Coupe du monde et ce ne sera pas le Maroc qui brisera cette série en 2022. Les Lions de l'Atlas - privés sur blessures de leur meilleur défenseur Aguerd juste avant le match, d'un autre arrière, Romain Saïss, après une vingtaine de minutes et du latéral gauche Noussair Mazraoui à la pause -, ont tout de même marqué l'histoire, en étant le premier pays africain à intégrer le dernier carré planétaire. La fête durera encore un peu, à Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech et même partout où l'immense diaspora marocaine a sorti les couleurs rouge et verte depuis près d'un mois. Elle ne devrait même pas se terminer samedi, à l'occasion du match pour le bronze contre la Croatie, tant la fierté de tout un peuple restera longtemps immense.
Les Nord-Africains avaient donné le ton, lors d'un hymne vibrant avant la rencontre et dans un Stade Al Bayt largement acquis à leur cause. Les spectateurs ont sifflé chaque touche de balle française, les hommes de Deschamps ayant laissé le ballon à leurs adversaires pour tenter de mieux les contrer (61% de possession marocaine!). Azzedine Ounahi, d'une jolie frappe flottante claquée par Hugo Lloris (10e), Jawad El Yamiq, d'un retourné sur le poteau juste avant la pause, un ballon en retrait sauvé un extremis par Ibrahima Konaté (53e) ou encore un solo au terme duquel Abderrazak Hamed Allah n'a jamais pu frapper (76e) et un incroyable cafouillage à la 94e ont secoué comme rarement les Bleus. Insuffisant toutefois pour terrasser les champions du monde.