CovidLa tech chinoise s'envole après un soutien de Pékin
Le pouvoir chinois a apporté vendredi son soutien à l’économie numérique, suscitant l’espoir d’un rabibochage avec ce secteur dont les poids lourds ont bondi en Bourse dans la foulée.
Alors que Shanghai, la capitale économique du pays, est paralysée depuis début avril par un regain de Covid, Pékin multiplie les gestes pour tenter de soutenir la conjoncture. Le régime communiste a adressé vendredi ainsi un signal rassurant aux puissantes entreprises du secteur de l’internet, dans son collimateur depuis la fin de 2020, entre blocage des introductions en Bourse à l’international ou amendes pour abus de position dominante.
Promouvoir l'économie numérique
Lors d’une réunion de son Bureau politique (politburo), le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir a soulevé l’espoir d’une réconciliation avec ce pan important de la deuxième économie mondiale. Selon un compte rendu de l’agence Chine nouvelle, lors de la réunion, présidée par le numéro un Xi Jinping, le PCC a jugé «nécessaire de promouvoir un développement sain de l’économie numérique» et «d’achever sa rectification».
«Les réformes antimonopoles sont peut-être terminées», a espéré l’économiste Zhiwei Zhang, du gestionnaire d’actifs Pinpoint Asset Management. Le politburo, instance de 25 membres qui détient la réalité du pouvoir en Chine, a aussi plaidé pour «répondre aux inquiétudes des marchés en temps et en heure.»
Envol en Bourse
Il n’en fallait pas plus pour faire flamber les titres des grands groupes du secteur à la Bourse de Hongkong: Alibaba et JD.com, géants du commerce en ligne, ont progressé tous deux de plus de 15%, tandis que Tencent, propriétaire de l’omniprésente application WeChat, a pris 11%. L’indice Hang Seng a terminé en hausse de plus de 4%. La Bourse de Shanghai a gagné 2,41% et celle de Shenzhen, plus axée sur les valeurs technologiques, 3,89%.
Croissance menacée
Pékin a par ailleurs réaffirmé ses objectifs économiques, malgré le regain épidémique qui fait craindre qu’il ne parvienne pas à atteindre son objectif de croissance de 5,5% du PIB cette année. «Le message essentiel, c’est le changement de priorité politique: ces dernières semaines, il s’agissait d’éradiquer les flambées d’Omicron. Désormais, l’objectif est de parvenir à l’équilibre entre l’impératif sanitaire et la croissance économique», estime Zhiwei Zhang.
Assouplir les restrictions
La stratégie du zéro Covid est de plus en plus contestée par les milieux d’affaires, qui s’alarment des menaces que font peser les confinements à répétition sur les transports, les chaînes d’approvisionnement et la main-d’œuvre. «Le gouvernement a pris conscience du risque de voir les chaînes d’approvisionnement quitter la Chine», estime Zhiwei Zhang, pour qui le zéro Covid pourrait être assoupli afin de faciliter les voyages d’affaires.
Perte «de crédibilité»
Depuis le printemps 2020, la Chine a réduit à la portion congrue les entrées internationales, et les voyageurs entrant dans le pays sont soumis à une longue quarantaine. «La Chine est en train de perdre sa crédibilité en tant que meilleur endroit du monde pour s’approvisionner», a averti le président de la Chambre de commerce de l’UE en Chine, Joerg Wuttke.
«Beaucoup d’entreprises restructurent leurs chaînes d’approvisionnement», a-t-il déclaré dans une interview publiée jeudi sur le site suisse The Market. Joerg Wuttke y qualifie de «tragique» «l’impasse dans laquelle le président a mis son pays» avec le zéro Covid et prédit que la croissance ne dépassera pas 4% cette année.
Immobilier à soutenir
Les dirigeants chinois ont aussi appelé vendredi à un développement sain du secteur immobilier, un autre pilier de l’économie nationale en difficulté à la suite d’un durcissement réglementaire. Le promoteur immobilier Evergrande se débat ainsi depuis des mois au bord de la faillite, avec une ardoise estimée à 260 milliards d’euros.
Pékin a déjà annoncé cette semaine des efforts «tous azimuts» pour relancer les infrastructures, au risque de multiplier les projets inutiles et d’accroître l’endettement des collectivités locales. Mais ces projets ne suffiront pas à relancer rapidement l’activité, avertissent les économistes.