VaudMédecin reconnu coupable d’avoir causé la mort d’une jeune mère
Un gynécologue a été condamné lundi à Nyon pour homicide par négligence. Il était le référent d’une patiente qui est décédée des suites de son accouchement.
- par
- Lauren von Beust
Ce lundi, un médecin-chef de l’Hôpital de Morges a été reconnu coupable d’homicide par négligence. On lui reproche d’avoir causé la mort d’une jeune mère, en 2017. Cette dernière, victime de complications après un accouchement par césarienne, est décédée à l’âge de 31 ans des suites d’une infection rénale, entraînant une infection généralisée. Son décès est survenu trois semaines après la naissance de sa troisième fille.
La justice a considéré que l’obstétricien avait violé les règles de l’art médical en omettant de recueillir l’avis urologique qu’il avait pourtant sollicité auprès d’un confrère, alors que la patiente était toujours hospitalisée. Le gynécologue avait en effet suspecté une lésion à l’uretère gauche au moment de suturer plusieurs organes du bas-ventre de la trentenaire. Il ressort d’une expertise urologique que le décès aurait pu être évité à 95% si cet avis avait été obtenu.
«Omission fautive»
«Le reproche que l’on peut faire au prévenu est de ne pas avoir reconnu que cette omission, admise, était fautive», a déclaré le juge Aurélien Michel. Le Tribunal a suivi le réquisitoire du Ministère public en infligeant au médecin une «peine symbolique» de 30 jours-amende à 500 francs, avec sursis pendant deux ans. En outre, le médecin devra verser 230’000 francs d’indemnités pour tort moral aux parties plaignantes.
«Le jugement est justifié, mais pas satisfaisant au regard de la situation…», a réagi Me Anissa Hallenbarter, avocate du mari de la défunte et de ses trois filles, aujourd’hui âgées de 6, 10 et 13 ans. Six ans après la disparition de cette mère de famille, ses proches sont toujours dévastés. «Néanmoins, la souffrance des parties plaignantes a été reconnue», a-t-elle ajouté.
«La patiente était sous ma responsabilité. Je vais devoir vivre avec les conséquences de son décès, sur ma conscience», avait déclaré l’accusé au terme de son procès. Après l’annonce du verdict, ce dernier «accuse le coup», a rapporté son avocate Me Odile Pelet, qui avait plaidé l’acquittement. Les parties attendent le jugement motivé avant de décider si elles feront appel.
Peu de condamnations
Le Département vaudois de la santé (DSAS) ne tient pas de statistiques relatives au nombre de professionnels de la santé condamnés chaque année pour homicide ou homicide par négligence dans le cadre de leur métier. D’après le DSAS: «Ces situations sont très rares. Nous pouvons dire qu’il y a environ cinq cas par décennie.»
En mai dernier, en Valais, une infirmière a été reconnue coupable d’homicide par négligence, après la mort d’une ado de 14 ans, en 2014. Celle-ci souffrait d’asthme et participait à un camp sportif à Crans-Montana quand elle a perdu la vie. Le médecin, qui l’avait vue la veille de son décès et qui avait repoussé l’auscultation au lendemain, a en revanche été acquitté.