Allemagne : A Lützerath, les militants anti-charbon campent dans les arbres 

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AllemagneÀ Lützerath, les militants anti-charbon campent dans les arbres

Symbole de la lutte contre les énergies fossiles, le village allemand a accueilli plus d’un millier de manifestants samedi, alors que la menace d’une évacuation policière plane sur le site. 

Pour éviter de se faire déloger par la police, les occupants de Lützerath ont perché leurs habitations à six mètres en hauteur.

Pour éviter de se faire déloger par la police, les occupants de Lützerath ont perché leurs habitations à six mètres en hauteur.

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Il ne restait plus qu’un agriculteur à Lützerath, village allemand construit sur d’immenses réserves de charbon. Il a rendu les clefs de sa ferme le mois dernier, laissant les lieux aux défenseurs du climat, bien décidés à résister aux pelleteuses.

«Stop au charbon»

Dans leurs cabanes de bois et de tôle suspendues aux arbres, ces militants se disent capables de tenir plusieurs semaines si les forces de l’ordre décident de les expulser pour permettre l’extension de la mine à ciel ouvert dont la fosse béante s’étend au pied de leur campement. Quand surviendra ce qu’ils nomment «le jour X»? Nul ne le sait, mais tous s’y préparent alors que l’Allemagne a besoin de charbon pour alimenter les centrales dont elle a dû prolonger le fonctionnement afin de compenser la raréfaction du gaz russe. Et d’éviter le black-out cet hiver.

Symbole de la lutte contre les énergies fossiles, Lützerath, dans l’ouest de l’Allemagne, a accueilli samedi plus d’un millier de manifestants anti-charbon selon les organisateurs, exigeant aussi plus d’ambition de la part des responsables internationaux réunis à la COP27 sur le climat, en Egypte. De nombreux manifestants s’étaient maquillé le visage avec l’inscription «Stop au charbon». Une vaste croix jaune, symbole de l’opposition au charbon, a été déployée au sol.

«Nous ne savons pas quand l’évacuation doit avoir lieu», explique avant la manifestation Alma, une Française qui s’exprime sous son pseudonyme d’activiste. «C’est une question de responsabilité, difficile à prendre par les autorités car l’opération, monumentale, mobilisera plusieurs milliers de policiers sur plusieurs semaines», affirme la jeune femme d’une trentaine d’années.

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Trahis

Après deux masters à l’université, Alma a décidé de se consacrer à la vie militante à plein temps. Elle a fait partie des premiers à fonder le camp de Lützerath il y a deux ans, rejoints par une centaine d’activistes. Au fil des expropriations, plusieurs dizaines d’habitants, indemnisés et relogés, ont quitté le village désormais abandonné. Les militants se sont sentis trahis cet automne lorsque le gouvernement du social-démocrate Olaf Scholz, qui gouverne avec les écologistes, a annoncé un compromis avec l’énergéticien RWE, exploitant de la mine. Contenu de l’accord: cinq villages des environs échapperont aux excavations mais Lützerath sera sacrifié comme prévu.

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Même si RWE, longtemps l’un des plus gros émetteurs de CO2 d’Europe, a aussi annoncé vouloir arrêter la production d’électricité au charbon d’ici 2030 dans le bassin minier rhénan, avançant de huit ans ses plans, les militants ne décolèrent pas. «Si RWE exploite les tonnes de charbon sous Lützerath, l’Allemagne violera forcément l’accord de Paris à cause des émissions de carbone de la mine. Le village n’est donc pas qu’un symbole, c’est un point critique dans la lutte contre le réchauffement», pense Alma. De l’autre côté de la route, fermée par RWE, la mine s’ouvre au bord d’un précipice. Sur ses dunes de sable or et noir, les excavatrices creusent plus profondément. Le charbon dans les sols voisins sera «nécessaire dès 2024» pour approvisionner les centrales, alors que les autres mines de la région ferment, assure l’exploitant.

Réseau de câbles 

Pour éviter de se faire déloger par la police, les occupants de Lützerath ont perché leurs habitations à six mètres en hauteur, dans les arbres, circulant de l’une à l’autre par un réseau de câbles. Ils assurent pouvoir y vivre en autonomie plusieurs semaines. Au centre du camp, une vingtaine de militants s’efforcent de déployer un mât en tirant une corde reliée à un tronc d’arbre géant par un système de poulies. «Les mâts sont complètement reliés aux arbres et aux habitations de façon à ce qu’il soit impossible de couper les cordes sans mettre en danger la vie de quelqu’un», indique Alma, qui a dû, comme tous les autres, apprendre à grimper à la corde pour rejoindre les hauteurs.

(AFP)

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