Hockey sur glace: A Ajoie, le courage a pris le dessus sur la crispation 

L’horloge de la patinoire de Porrentruy indiquait 22h01 jeudi lorsqu’un cri collectif a retenti. Le soulagement a alors gagné l’assistance, qui a extériorisé bruyamment près de deux mois de frustration, d’échecs à répétition. Ce poids, qui pesait lourdement sur les épaules de tous, hockeyeurs comme supporters, s’est dissipé l’espace d’un instant, d’une soirée. En ces temps difficiles, c’est toujours ça de pris.

Ajoie venait alors de vaincre Ambri. Son dernier succès remontait au 28 octobre. L’adversaire? Ambri. Le score? 5-3. Si les Léventins devaient en bout de ligne manquer leur objectif, soit une participation aux play-off, ils pourront indéniablement regretter tous ces précieux points égarés face au cancre de National League. Alors que l’immense majorité des collectifs se servent, et même abondamment, des confrontations face au HCA pour améliorer leur bilan comptable, Ambri a trouvé en ce concurrent ajoulot sa bête noire, contre qui il n’a obtenu que deux points en trois duels jusqu’à présent. 

Est-ce dû à la présence remarquée et dynamique sur la glace avant le coup d’envoi d’Elisabeth Baume-Schneider, première Jurassienne à accéder au rang de conseillère fédérale, qui a su transcender tout le banc jaune et noir? A la magie de Noël? A la présence de Julien Vauclair à la bande? Pour son deuxième match après l’éviction neuf jours plus tôt du Tchèque Filip Pesan, l’ancien défenseur international, manager général du club, a semble-t-il trouvé les mots justes. «Le fait de changer d’entraîneur provoque toujours un déclic. Ce que je retiens de ce match, c’est que l’on a joué au hockey.» 

Cela n’a pas toujours été le cas deux jours auparavant, pour sa première cette saison à ce poste. A Kloten (défaite 5-3), les joueurs ajoulots ont offert une première demi-heure infecte, dans la lignée des dernières sorties sous l’ère Pesan. Lors de la venue d’Ambri, ce qu’ils ont proposé n’est pas non plus à ranger dans le hockey d’exception. Il s’agit toutefois de relever la force de caractère affichée par ce groupe au fond du trou.

«Je leur ai simplement dit de se libérer, que des erreurs seraient toujours commises mais qu’il fallait retrouver du plaisir. Tous jouent au hockey depuis vingt ans mais depuis quelques temps, j’avais le sentiment qu’ils en étaient incapables, tant la crispation avait pris le dessus.»

Vauclair décèle ainsi des signaux encourageants dans le comportement affiché par ses employés, qui n’ont pas cédé malgré les trois égalisations visiteuses. «On avait trop souvent tendance à s’écrouler sitôt un but encaissé. Là, on a su répondre à chaque fois. On était l’initiateur dans ce match que je comparerai à un combat de boxe. C’est un soulagement pour tout le monde.» 

L’homme à double casquette perçoit-il les signes d’un retour à la phase initiale du parcours des Jurassiens ? «On est passés par trois étapes jusqu’à présent. La première, c’est lorsque l’on jouait bien et que l’on remportait des matches. La suivante, c’est quand on jouait bien mais que l’on ne gagnait plus. Et puis il y a eu la dernière, durant laquelle on ne proposait rien de bien. Lors des deux derniers tiers à Kloten, on a commencé à offrir le hockey que je veux voir. La grande différence ce soir (réd: jeudi), c’est que l’on n’avait pas cette peur ancrée au ventre. Les gars ont déversé une grosse dose de courage. Ce n’était pas une rencontre parfaite, mais au niveau de l’éthique de travail, je suis très satisfait.»

Reste désormais à savoir si ce sixième succès du concours n’était qu’une parenthèse apaisante ou le présage de lendemains moins pénibles. «Il est important de garder les émotions au bon niveau. C’est une victoire qui fait du bien, mais il ne faut pas s’enflammer. Profitons de ce moment après avoir vécu tant de choses négatives», tempère Julien Vauclair. 

Vendredi, pour son ultime sortie de l’année, Ajoie est attendu à Lausanne. Le LHC a lui bénéficié d’un jour de repos supplémentaire.