Jura bernoisPotagers: la terre est polluée, mais pas les légumes
Les produits cultivés dans les jardins potagers de Reconvilier peuvent être consommés, mais dans une terre souillée, les laitues doivent être lavées.
- par
- Vincent Donzé
Les fruits et légumes cultivés à Reconvilier et à Loveresse peuvent être consommés: cette nouvelle rapportée par «Le Quotidien Jurassien» émane de l’Office des eaux et des déchets du canton de Berne (OED). Dans des jardins potagers pollués autrefois par une activité industrielle, c’est un vrai soulagement.
Désignés pollueurs, la Boillat et son repreneur UMS n’existent plus. La fonderie a fourni des emplois avant sa délocalisation, mais elle a aussi pollué Reconvilier pendant des décennies. Le vent a soufflé les polluants au loin, jusqu’à Loveresse, en zone agricole.
Tomates, carottes…
Il est établi que 54 parcelles nécessitent un assainissement, tandis que 512 parcelles sont contaminées dans une moindre mesure. Parmi ces dernières, des jardins potagers. Des mesures ont été réalisées sur onze parcelles présentant des taux de cuivre, de zinc et de cadmium un peu plus élevés que la normale.
Tomates, carottes, épinards, pommes, fraises et groseilles ont été analysés. Résultat des tests: des métaux ont été retrouvés, mais pas dans des concentrations qui posent problème. Sauf, peut-être, dans la laitue?
Essai pilote
«Cette teneur élevée ne venait pas du légume en tant que tel, mais de la terre qui recouvrait les feuilles», a déclaré au «Quotidien Jurassien» le chef de l’OED, Jacques Ganguin. Partant de ce constat, il est recommandé de peler et laver les fruits et légumes cultivés.
Les parcelles ont été désignées par quatre couleurs: le rouge marque l’obligation d’assainir. En ce qui concerne les 54 parcelles fortement polluées, un essai pilote d’assainissement est prévu l’an prochain. Il s’agira de dégrapper le terrain sur une trentaine de centimètres et de déposer la terre contaminée dans une décharge contrôlée.
Valeur diminuée
Le canton de Berne aidera financièrement les propriétaires fonciers touchés. Le Grand Conseil a accepté par 115 voix contre 30 une motion de la députation francophone demandant que les coûts d’assainissement ne soient pas mis à leur charge lors de la création de jardins potagers ou lors de projets de construction.
La valeur des terrains pollués est diminuée, mais personne n’a renoncé au jardinage: «On a jardiné pendant 35 ans et je n’ai jamais eu mal au ventre», rapportait l’an dernier le maire Daniel Buchser, sur une parcelle en zone orange.