InterviewHyphen Hyphen: «On est ravi que le punk-rock revienne à la mode»
Le groupe français revient avec son troisième album «C’est la vie» et sera en concert aux Docks de Lausanne ce samedi 18 février.
- par
- Fabio Dell'Anna
«C’est la vie» est le nom du troisième album de Hyphen Hyphen sorti en janvier dernier. Un disque qui flirte avec le premier amour du groupe: le punk-rock. La production est plus épurée qu’avant. Une manière de se recentrer sur les paroles, la voix et les instruments. Ils reviennent à l’essentiel pour offrir un show de qualité.
Le trio, composée de Line (clavier), Santa (chant) et Adam (batterie), s’arrêtera d’ailleurs ce samedi 18 février aux Docks de Lausanne. Avant leur concert, nous leur avons posé quelques questions sur leurs nouveaux titres, leur tournée aux États-Unis et l’éthique de Beyoncé.
Pour votre album précédent vous vouliez prouver être des producteurs. Quel est le but de celui-ci?
Santa: Celui-ci, c’est le bon. C’est le retour de l’espoir et d’être le plus sincère possible. On a toujours été un groupe qui était connu pour sa folie scénique et, enfin, on arrive à la sentir et l’entendre dans cet album.
Line: On a tout enregistré en live pour vraiment avoir l’émotion à son état le plus pur
Vous retournez à vos premiers amours avec un son un peu plus punk-rock comme sur le titre «Lie!» Pourquoi?
Tous ensemble: Ce morceau est incroyable sur scène!
Santa: On ne s’est pas vraiment posé la question. On s’est dit qu’on avait toujours cette rage en nous. Comment l’exprimer mieux que sous cette forme de cri musical. Notre volonté a toujours été de transformer cette rage en quelque chose de beau.
Adam: Avec «Lie!» nous avions envie de nous reconnecter à nos débuts. C’est très brut et direct. Cela ressemble beaucoup à tous ces groupes de punk-new rave qui nous ont rassemblés à l’époque lorsqu’on était au lycée.
Santa: Cela nous fait plaisir que ce style revienne aussi. On en a marre d’entendre toujours la même chose.
Sur le titre «Own God», la voix de Santa rappelle un peu «Bitter Sweet Symphony» de The Verve. Vous vouliez explorer un ton plus grave?
Santa: Oui. Tout a été écrit au piano, ainsi j’avais une liberté de mettre ma voix en avant de la manière dont je voulais. Cela m’a permis de m’exprimer encore plus et de montrer plus de nuances. Je suis assez fière, car je trouve que cela apporte plus d’émotions de manière générale.
Quand vous chantez «I’ll be my own God», en français «Je serai mon propre Dieu», qu’est-ce que cela signifie?
Line: C’est une ode à la liberté. On veut revendiquer qui on est et croire que l’on est incroyable. Il y a toujours eu une transparence entre nous que ce soit dans nos genres, dans notre fluidité ou notre queerness. Il y a toujours eu cette volonté d’être différent ensemble. On a toujours été qualifié comme «différent». Notre force est de l’avoir accepté et d’avoir la liberté de l’exprimer.
Santa: «Own God» c’est aussi une envie d’exploser les murs, le patriarcat et tout ce qui nous dérange. Le monde a encore tellement de problèmes… Et nous serions ravis si notre musique pouvait faire le même effet qu’une aspirine.
Sur «Symphony», on sent l’influence de Kate Bush. Est-ce que le retour de «Running Up That Hill» dans les classements grâce à la série «Stranger Things» vous a influencés?
Santa: Non, on l’a écrite bien avant. Lorsque l’on a créé le titre, on ne savait pas dans quelle direction on allait partir. Je suis beaucoup dans l’instantané lorsque je recherche une mélodie…
Line: On parle tout de même beaucoup de nos influences lorsqu’on compose et Kate Bush en fait clairement partie. «Running Up That Hill» a cette sonorité un peu hantée que l’on apprécie beaucoup et que l’on ressent dans la voix de Santa aussi.
Dans cet album, vous avez préféré composer «Call My Name». Pour quelle raison?
Santa: Je ne sais pas. Pourtant on s’est engueulés en studio. (Rires.) J’avais envie d’un point de rupture et ils en voulaient un à chaque fois.
Adam: C’est vrai. Santa voulait quelque chose de très orchestrale sur le refrain et un peu plus sur la lenteur. Tandis que nous voulions une batterie qui s’envole vers la fin. Du coup, on a trouvé un compromis.
Ce genre de compromis arrive souvent?
Santa: Ce genre de compromis artistique, qui finalement est un choix, peut arriver oui. En revanche, si c’est un vrai compromis la chanson n’apparaîtra pas sur l’album. On en a des centaines comme ça.
Adam: Exact. Si la chanson est sur le disque cela veut dire que l’on a trouvé le juste équilibre.
Vous avez travaillé avec un producteur/parolier de taille, Glen Ballard qui a notamment écrit pour Michael Jackson ou Alanis Morissette. Comment c’est arrivé?
Santa: À chaque fois que je raconte cette anecdote, je me dis que c’est fou ce qui nous arrive. Il nous ouvre tellement de portes, notamment aux États-Unis. Glen Ballard s’est retrouvé à notre Zénith et il y a eu un coup de cœur mutuel. Le lendemain, nous avons écrit «Don’t Wait For Me». Nous sommes devenus très proches et il est notre mentor dans l’écriture.
Line: Il nous a aidés à poser les mots plus simplement sur nos émotions. C’est quelqu’un de très important pour nous et ça a changé notre façon de voir la composition.
Vous allez partir en tournée pour la première fois aux États-Unis. C’est un rêve d’enfant?
Santa: On a toujours regardé plus loin que nos propres frontières. C’est pour cela que l’on chante en anglais. C’est un rêve de lycéen qui va se réaliser et on part avec le bon album. On vient d’avoir un article dans Billboard, la presse américaine et même allemande s’intéressent un peu à nous… On voit que le groupe devient un peu plus international.
Le succès de «Too Young», hymne de l’Euro 2022 féminin, vous aide certainement à traverser les frontières. Comment ce titre a été choisi?
Adam: TF1 nous a appelés et la chaîne était déjà intéressée par le titre. Cela tombait bien car quand on l’a écrit on imaginait vraiment ce morceau dans les stades.
Et si FIFA vous avait contactés pour la Coupe du monde au Qatar?
Tous ensemble: On aurait refusé.
Line: C’est contre toutes nos valeurs. On a complètement boycotté cette édition, alors qu’on regarde le foot d’habitude. Je trouve ça vraiment infâme que tout le monde ait fermé les yeux.
Adam: Je ne comprends pas les artistes français (ndlr: Gims a accepté de le faire) qui sont allés y jouer pour des millions d’euros…
Vous comprenez Beyoncé qui accepte 24 millions d’euros pour chanter lors de l’ouverture d’un hôtel à Dubaï?
Santa: Non. Surtout lorsque l’on est une reine, on n’a pas besoin d’aller chanter dans un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme.
Vous serez ce samedi 18 février aux Docks, à Lausanne, il faut s’attendre à quoi?
Santa: On a bien travaillé. C’est un show très ambitieux. Il y a beaucoup de scénographie et d’actes différents. Cela va être explosif et on fait participer le public, donc préparez-vous.