A Isérables, les aînés se battent pour le dernier bancomat

Le monde est plus beau vu d’en haut… C’est ce que dit le slogan de la commune d’Isérables en Valais. Ce village situé à 1100 mètres d’altitude s’étend comme un balcon donnant sur la plaine du Rhône dans le district de Martigny. Pour y maintenir des infrastructures pour une population de quelque 800 âmes, ce n’est pas évident. Ainsi la banque Raiffeisen a-t-elle annoncé aux Bedjuis aux Bedjuasses (habitants du lieu) qu’elle allait cesser d’alimenter son bancomat, le dernier restant de la commune.

Le monde y est plus beau, certes, mais sans argent liquide, il l’est un peu moins. C’est un peu comme si on asséchait la dernière fontaine. La résistance s’est alors organisée et une pétition a été lancée le 5 juillet par le Club des aînés de la commune. En peu de temps, elle a récolté 462 signatures, dont 396 résidents. Dans «Le Nouvelliste» de vendredi, le président du club, Yves Nicolet, exprime sa reconnaissance: «Nous espérions un fort soutien populaire, histoire de démontrer à la banque Raiffeisen Martigny et Région qu’elle faisait fausse route dans ce dossier, en totale contradiction avec le message de proximité répété à l’envi par sa direction. Avec ce résultat, nous sommes comblés. Reste à savoir si cela changera le cours des choses.»

La pétition a été remise la direction de la Banque Raiffeisen Martigny et Région, où le directeur adjoint Guillaume Carron confirme: «Nous prenons acte et, comme précisé aux personnes concernées, le conseil d’administration leur répondra dans les meilleurs délais». Au début juillet, le directeur adjoint avait cependant donné les raisons de cette mise hors service: «Dans notre modèle d’entreprise, coopératif et axé sur la proximité, nous essayons de maintenir tous nos bancomats en fonction, même s’ils ne sont pas rentables. Toutefois, lorsque l’un ou l’autre arrive en fin de vie, comme c’est le cas en l’espèce, nous devons peser le pour et le contre avant de décider de le changer, ce qui occasionne d’importants frais, ou de le supprimer. Dans ce cas, les mouvements ayant diminué de 20% entre 2018 et 2021, nous avons décidé de le supprimer, d’autant plus que les locaux concernés ont été vendus.»

Déçues à l’annonce de la disparition du dernier distributeur (après celle des guichets de la poste et de la banque), les autorités communales n’ont pas leur mot à dire. Il a été envisagé de trouver un nouveau local pour l’installation, mais, selon le conseiller communal Christian Glassey: «Il n’est pas possible, pour une collectivité publique, de participer financièrement à des activités bancaires.»