Hockey sur glace – Patrick Hauert: «Cet engouement nous conforte dans notre choix» 

Un peu plus de quatre mois, c’est le temps, très court, séparant le titre fêté contre Kloten en finale des play-off de Swiss League du premier duel en National League contre le voisin du HC Bienne. Entre le but décisif de Mathias Joggi le 28 avril à 22h42 et le premier lancer de puck le 7 septembre à 19h45, un chantier énorme s’est ouvert au club ajoulot. Un défi gigantesque que le comité a pourtant décidé d’accepter.

Les interrogations, les doutes mais également les fantasmes les plus fous ont accompagné ces quatre mois. La réalité, souvent brutale, d’un changement de catégorie s’est toutefois rapidement imposée au Petit Poucet de Porrentruy, dont le retour au sommet du hockey helvétique s’est conclu à une attendue dernière place et avec deux records. La plus longue série de revers jamais enregistrée à ce niveau (19 défaites de suite sans aucun point obtenu entre le 20 novembre et le 25 février) et le plus mauvais rendement sportif réalisé depuis 15 ans par une équipe de première division: une moyenne de 0,51 point engrangé par match.

Une première année pour apprendre et une deuxième pour assurer le maintien, c’est en substance le discours avancé par la direction du HCA le printemps dernier. On y est donc. Car si le HCA entend ne pas revivre la même mésaventure que lors de sa dernière expérience en ligue A il y a trois décennies, passant en très peu de temps d’une ascension en LNA à la relégation en 1^ère ligue, il ne doit pas en perdre, du temps.

Entrepreneur ajoulot et président du club depuis 1999, qu’il avait alors repris en 1^ère ligue, Patrick Hauert dresse le bilan sportif et financier de son HC Ajoie, seule formation de National League à avoir déjà rangé les équipements dans les armoires.

Patrick Hauert, la saison du HCA s’est conclue sur un bilan de 9 victoires, 42 défaites et une dernière place au classement. Qu’est-ce que cela vous inspire?

C’est décevant, forcément.

Mais pas totalement surprenant non plus, qu’en pensez-vous?

On s’y était préparé. On avait livré un message d’avertissement. Il faudrait être patient, il faudrait du temps pour se construire. On tenait malgré tout à être reconnaissants envers nos partenaires et notre public, on voulait faire aussi bonne figure que possible. La promotion a été obtenue très tardivement alors que le marché des transferts était saturé. On n’est pas parvenus à se renforcer autant qu’espéré. Le temps et les moyens nous ont manqué. On est reparti à peu de choses près avec la même équipe.

Devant l’ampleur de la tâche que représentait cette montée, vous êtes-vous dit, lors de ces dix derniers mois, que cette décision n’avait tout compte fait pas été la bonne, que tout cela était trop lourd à supporter?

Pas le moindre instant! Jamais ce choix n’a été remis en cause. Le comité a toujours été convaincu d’avoir pris la bonne option.

Et celle de vous séparer le 7 février de Gary Sheehan et Vincent Léchenne, votre duo d’entraîneurs, après 18 défaites consécutives, était-elle devenue inéluctable?

Face aux difficultés qu’on allait inévitablement rencontrer, on s’était promis de rester soudés et unis. Arrivé à un moment, les choses étant ce qu’elles sont, on a senti que l’on n’avait plus d’autre choix. On l’assume, même si cela reste malgré tout un crève-cœur.

Malgré toutes les turbulences vécues, le public vous est demeuré fidèle. Vous l’aviez d’ailleurs quitté dans la vétuste patinoire du Voyeboeuf en Swiss League avant de le retrouver à la Raiffeisen Arena en National League!

Du point de vue organisationnel et de la fréquentation, le bilan s’avère très positif. On peut même dire qu’en termes de résultat sponsoring et de signatures de partenariat, ce qu’on a fait est inespéré par rapport à ce qui avait été budgétisé.

Vous tabliez au départ sur une affluence moyenne d’environ 2700 spectateurs par match. Celle-ci s’élève finalement à 3626 personnes. S’il y a bien un motif de satisfaction à retenir, c’est cet indéfectible soutien populaire, non ?

Je ne vous cacherai pas que l’on était face à une incertitude au moment de se lancer: comment les gens réagiraient-ils devant une équipe en difficulté. Cette entrée en National League marquait aussi la découverte de la Raiffeisen Arena pour le public. On s’est donné deux ans pour définir notre position, à savoir si notre place est en Swiss League ou véritablement en National League. Cet engouement nous a convaincus de poursuivre sur la voie que nous avons empruntée: on fera tout notre possible pour nous maintenir dans cette ligue.

Suite à la promotion, le budget a pu être doublé, passant de 3,5 millions à un peu plus de 7 millions de francs. Là, vous annoncez 10 millions pour l’exercice à venir.

Encore une fois, le soutien est tel que l’on va se donner les moyens de rester, on n’y travaille depuis un moment. En engageant davantage de moyens financiers, en augmentant la masse budgétaire, on sera plus compétitif. Mais on ne le sera pas face aux grosses cylindrées de la ligue, nous en sommes pleinement conscients.

Le développement du secteur technique apparaît nécessaire si Ajoie entend s’établir en National League, vous êtes d’accord?

On se doit d’améliorer ce domaine, c’est évident. Et on le fera. Avec la charge de travail à laquelle on a dû faire face le printemps et l’été derniers, le temps a manqué pour développer tout ce qui aurait dû l’être. Avec la promotion, il a fallu engager beaucoup de personnel dans le catering et l’administratif. Un gros travail a d’ailleurs été fait dans la coordination du secteur marketing et de l’accueil des gens. On va dorénavant remédier à ce qui n’a pas pu être fait il y a un an.