CubaCuba a voté aux municipales, l’opposition dénonce des «pressions»
Les Cubains ont voté dimanche aux élections municipales, sur fond de crise économique et d’appels à l’abstention de l’opposition qui a dénoncé des «pressions» sur ses candidats.
Les bureaux de vote ont fermé à 19 h 00 (1 h 00 heure suisse), soit une heure plus tard que prévu, et le scrutin s’est déroulé sans incident. Les autorités ont déclaré que cette prolongation a été décidée pour répondre à une demande des bureaux de vote et des électeurs.
Selon le Conseil national électoral, à 17 h 00, près de 64% des plus de 8 millions de personnes âgées de plus de 16 ans (sur une population qui en compte 11,2 millions) appelées aux urnes, avaient voté. Ils étaient appelés à élire 12’427 délégués municipaux du Pouvoir populaire (conseillers) parmi les quelque 27’000 candidats désignés par les électeurs lors d’un vote à main levée dans les assemblées de quartier.
Avec le hashtag «YoVotoEl27» (JeVoteLe27), le gouvernement avait mené une intense campagne sur les réseaux sociaux, dans la presse et la télévision, toutes deux sous le contrôle du Parti communiste cubain (PCC) au pouvoir, qui ne présente pas de candidats aux municipales mais supervise le processus électoral.
Le Conseil pour la Transition démocratique (CTDC), plateforme d’opposition qui promet des changements dans le pays par des voies légales, avait appelé de son côté à l’abstention sous le slogan: «Sin pluralismo,#YoMeAbstengo» (Sans pluralisme, je m’abstiens).
«Pressions» et «menaces»
Un de ses candidats, José Cabrera, «a été élu» à la mairie de Palma Soriano, à Santiago de Cuba (sud-est), mais par la suite «ils ont commencé à le menacer d’expulsion» et «à lui faire pression pour qu’il prenne ses distances avec le Conseil», a détaillé auprès de l’AFP le vice-président du mouvement, Manuel Cuesta. Trois autres candidates du CTDC «ont été empêchées de participer par la police politique parce qu’elles avaient de fortes chances de gagner», a-t-il affirmé. Le gouvernement cubain accuse les oppositions d’être des «mercenaires» à la solde des États-Unis.
Dimanche matin, le président Miguel Diaz-Canel, de retour d’un voyage officiel qui l’a conduit en Algérie, en Russie, en Turquie et en Chine, a voté aux côtés de son épouse Lis Cuesta à Playa, à l’ouest de La Havane. Il a affirmé à la presse que le processus électoral témoigne de la stabilité politique et sociale de l’île, malgré «l’asphyxie économique» imposée par les États-Unis.
Ces élections sont la première étape d’un mécanisme électoral singulier, en vigueur depuis 1976, et seront suivies des élections parlementaires en 2023 et de l’élection présidentielle en fin d’année. Les conseillers élus formeront les équipes municipales et proposeront, parmi eux, 50% de candidats aux assemblées provinciales et Parlement, qui élit le conseil d’État et le président du pays. Les 50% restants seront proposés par les organisations sociales proches du gouvernement.
Second tour le 4 décembre
En théorie, le système électoral permet à tout citoyen cubain d’accéder au Parlement. Mais l’opposition dénonce le processus estimant qu’avec son influence et le vote de ses militants et partisans, le PCC réussit à ce qu’aucun opposant ne soit élu.
La profonde crise économique qui s’abat sur l’île, avec la pénurie d’aliments, médicaments et pannes d’électricité quotidiennes, et l’exode de migrants pourrait peser sur le résultat de ces élections, les premières depuis l’arrivée au pouvoir en 2018 du président Diaz-Canel.
Les candidats n’ayant pas obtenu la majorité absolue dimanche devront affronter un second tour le 4 décembre.