Philippe CroizonL’athlète quadri-amputé qu’Elon Musk a promis d’emmener dans l’espace
«Hello @elonmusk, je suis un aventurier français célèbre sans bras ni jambes!» avait tweeté le sportif à l’intention du patron de Tesla et Space X en 2020.
Alors qu’une fusée d’Elon Musk doit transporter mercredi quatre touristes dans l’espace, à terre, un invité va suivre la mission avec un intérêt particulier: Philippe Croizon, célèbre sportif français amputé des quatre membres, espère lui aussi aller en orbite avec SpaceX. «Un jour nous vous ferons voler à bord de Starship», lui a promis Elon Musk en novembre 2020. Le patron de Tesla et SpaceX répondait sur Twitter à Philippe Croizon, qui s’était lancé le défi de contacter l’entrepreneur s’il dépassait les 50’000 abonnés à son compte avant Noël. Un chiffre atteint en une heure.
«Hello @elonmusk, je suis un aventurier français célèbre sans bras ni jambes! Envoyez-moi dans l’espace pour montrer une fois de plus que tout est possible!» avait alors tweeté Philippe Croizon.
Cet ancien ouvrier devenu athlète de 53 ans, amputé des quatre membres à la suite d’un accident en 1994, avait accompli une traversée historique de la Manche à la nage en 2010.
Philippe Croizon n’attendait pas vraiment de réponse à ce message envoyé «comme une bouteille dans l’espace», a-t-il raconté lundi à l’AFP, après une conférence au lycée français de San Francisco en Californie, saluée par une ovation debout des élèves. «Et là maintenant je pars à Cap Canaveral pour le décollage, 3 jours plus tard on va à l’amerrissage, on va les récupérer en mer et après on passe un moment ensemble pour voir si c’est possible d’envoyer un petit gars comme moi dans l’espace», a-t-il continué.
La société d’Elon Musk a déjà transporté dix astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS), pour le compte de la Nasa. Mais le vol baptisé Inspiration4 sera le premier de l’Histoire à n’envoyer en orbite que des amateurs sans expérience.
Des palmes et des clips
En juillet, les milliardaires Richard Branson et Jeff Bezos ont chacun passé quelques minutes dans l’espace, emmenés par leurs sociétés spatiales respectives. Les quatre passagers de SpaceX doivent, eux, rester trois jours en apesanteur. Philippe Croizon, qui apprend l’anglais intensivement, avait déjà tenté d’écrire à Richard Branson il y a dix ans, sans réponse. Il dit correspondre de temps en temps avec le fantasque Elon Musk, et surtout avec Jared Isaacman, le touriste milliardaire qui loue les services de la société.
Le conférencier pense que ces voyages spatiaux valent le coût – des dizaines de millions de dollars – pour l’inspiration qu’ils apportent aux Terriens, mais aussi en termes de recherche scientifique. Pour sa traversée de la Manche, des ingénieurs avaient conçu des prothèses avec des palmes. Elles sont désormais utilisées par d’autres athlètes sans jambes, assure-t-il.
Pour faire face aux défis de l’apesanteur, il a déjà consulté une entreprise française d’équipements pour l’espace, Comat. «On a imaginé des prothèses, donc on n’arrive pas les mains vides», a-t-il plaisanté. «Ça ne ressemble pas à des mains mais à des clips: clac, je me clipse, clac, petit quart de tour, je me déclipse. Pour que je puisse m’accrocher dans la capsule». «Bon certainement que je vais me cogner la tête mais je serai pas tout seul», conclut celui qui espère devenir le premier handicapé à réaliser ce rêve universel.