CisjordanieDes colons israéliens attaquent en représailles une ville palestinienne
Murs noircis par le feu, vitres brisées et voitures calcinées: les habitants de Huwara ont découvert, lundi, les dégâts d’une attaque menée par des colons après la mort de deux d’entre eux.
Dimanche soir, des dizaines de colons israéliens sont entrés à Huwara, petite ville du nord de la Cisjordanie occupée, où les tensions sont fréquentes. Ils ont jeté des pierres vers des habitations palestiniennes, incendié des bâtiments, des poubelles et des voitures. Au petit matin, une décharge avait des airs de cimetière de voitures, avec des dizaines de véhicules calcinés dont il ne restait que la carcasse.
«Ils ont brûlé tout ce qu’ils ont trouvé», a raconté un habitant, Kamal Odeh: «Ils ont incendié plus de 20 bâtiments, dont des magasins, des maisons. Même les arbres n’ont pas été épargnés.» Il n’y a pas eu d’arrestations pour l’heure, a déclaré l’armée. Elle avait auparavant dit avoir évacué des dizaines de Palestiniens de leurs maisons menacées par des incendies à Huwara. Plus de 350 Palestiniens ont été blessés, la majorité d’entre eux souffrant d’inhalation de gaz lacrymogènes, a déclaré le Croissant-Rouge palestinien.
«Ne vous faites pas justice vous-mêmes!»
Ces événements interviennent après que deux jeunes colons israéliens ont été tués par balles, dimanche, alors qu’ils se trouvaient en voiture près de Huwara, ce que le gouvernement a qualifié d'«attentat terroriste palestinien». Puis, dans la soirée, un Palestinien a été tué par balles alors que les forces israéliennes et des colons sont entrés à Zaatara, un autre village près de Naplouse.
«Je vous demande, même si le sang est encore chaud et les esprits échauffés, de ne pas vous faire justice vous-mêmes, mais de laisser les forces de sécurité accomplir leur mission», a déclaré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, dans une vidéo diffusée par son bureau. Il est à la tête, depuis fin décembre, d’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire d’Israël, qui compte plusieurs ministres eux-mêmes colons en Cisjordanie.
Lundi, des maires de colonies ont appelé leurs habitants à laisser l’armée israélienne «vaincre». «On ne se fait pas justice soi-même», ont-ils écrit, appelant les autorités à mener «une opération militaire dissuasive».
Expéditions punitives en hausse
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a accusé Israël de «protéger les actes terroristes perpétrés par des colons» dans cette zone de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l’État hébreu depuis 1967. Depuis près d’un an, l’armée a multiplié, dans le nord de la Cisjordanie, les opérations présentées comme «antiterroristes». Mercredi, onze Palestiniens ont été tués à Naplouse, dans l’incursion militaire la plus meurtrière menée par l’armée israélienne dans la région depuis 2005 au moins.
Depuis le début de l’année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 63 Palestiniens (parmi lesquels des membres de groupes armés et des civils, incluant des mineurs), à onze civils (dont trois mineurs et des colons) et un policier israéliens ainsi qu’une Ukrainienne, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
Appel général au calme
Lors d’une réunion, dimanche, à Aqaba, en Jordanie, de hauts responsables sécuritaires israéliens et palestiniens ont «réaffirmé la nécessité de s’engager dans la désescalade sur le terrain et de prévenir toute nouvelle violence». Le conseiller américain à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a salué la réunion d’Aqaba, tout en soulignant «qu’il y aurait beaucoup de travail à faire dans les semaines et mois à venir, afin de construire un avenir stable et prospère pour les Israéliens comme pour les Palestiniens».