Bande dessinéeLe nouvel Astérix est un lapin
Trondheim rend un hommage au célèbre Gaulois en envoyant son héros, Lapinot, dans son univers. C’est respectueux, malin et drôle à la fois.
- par
- Michel Pralong
Il y a un autocollant sur la couverture de l’album qui avertit que «Attention!!! Ceci n’est pas un album d’Astérix. Parodix!» Oui, au cas où un lecteur inattentif se dise que le dessinateur qui a succédé à Conrad (lui-même successeur d’Uderzo) n’a pas du tout, mais alors pas du tout le même style que les deux autres. Par contre, tout amateur de Lewis Trondheim aura immédiatement reconnu son trait.
Car il ne s’agit pas là d’une aventure du petit Gaulois, mais de Lapinot, héros principal de Lewis Trondheim. Qui donc, cette fois, l’emmène dans l’univers créé par Goscinny et Uderzo. Lapinot se réveille dans une forêt, habillé comme Astérix. Et surgit même Obélix, qui voit en lui son compagnon d’aventures. Lapinot tente bien de lui faire remarquer ses grandes oreilles et ses grands pieds, mais Obélix ne les voit pas.
Persuadé d’être l’objet d’une farce et d’avoir été emmené au parc Astérix, Lapinot va bien devoir se rendre compte que tout cela est trop bien imité pour n’être qu’une comédie. L’arrivée d’un personnage étranger à la série d’albums d’Astérix, soit le dieu Toutatis lui-même (qui n’y est que cité d’habitude) va en revanche montrer que quelque chose cloche dans cet univers.
L’irruption du réel dans la fiction
C’est clairement l’hommage d’un fan d’Astérix, qui dit en note de première page toute son admiration pour Goscinny et Uderzo, et qui connaît parfaitement les albums du Gaulois. Mais Trondheim y ajoute une double vision, celle d’un lecteur face à l’œuvre et celle d’un auteur de BD face à ses créations. Car il y a une irruption du réel dans l’univers imaginaire dans lequel est transporté Lapinot. Réel qui serait insupportable chez Astérix si les baffes données par Obélix faisaient des dégâts réels.
On retrouve à la fois l’esprit des aventures d’Astérix et celles de Lapinot, ces dernières étant toujours un savoureux décalage, encore plus saisissant ici. C’est une belle leçon de BD et une belle BD tout court.