Proche-OrientUn premier bateau rempli d’aide en route vers la bande de Gaza
Le bateau de l’ONG espagnole Open Arms, chargé de 200 tonnes de vivres, devrait mettre plusieurs jours pour atteindre Gaza.
Un premier bateau chargé de vivres est en route mercredi pour la bande de Gaza où la population est menacée par la famine, en plus des bombardements, après cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas sans trêve à l’horizon.
Face à l’insuffisance de l’aide arrivant par voie terrestre dans le territoire dévasté par des mois de guerre, la communauté internationale cherche à diversifier les voies d’acheminement via des largages aériens ou encore avec ce projet pilote de corridor maritime entre Chypre et Gaza.
Le bateau de l’ONG espagnole Open Arms, chargé de 200 tonnes de vivres, a quitté mardi le port chypriote de Larnaca, en empruntant un couloir mis en place par l’UE et plusieurs pays. Il devrait mettre «plusieurs jours» pour arriver sur les côtes de la bande de Gaza, a déclaré Laura Lanuza, porte-parole de cette organisation.
Selon le site Vessel Finder, le navire évoluait tôt mercredi à très petite vitesse et se trouvait encore à environ 155 milles nautiques de la bande de Gaza, soit un peu plus de 285 kilomètres. Chypre, pays de l’UE le plus proche de Gaza, a annoncé préparer un deuxième chargement, «bien plus grand».
Ramadan
A Gaza, la population attend davantage d’aide aussi pour faire chuter les prix des rares denrées sur les marchés comme les «qatayef», petites crêpes prisées lors des iftars, repas marquant la rupture du jeûne pendant le mois du ramadan qui a débuté cette semaine.
«La demande est très faible en raison des prix élevés. L’année dernière, le prix d’un kilo de qatayef était de six shekels (1,44 franc). Aujourd’hui, vous avez honte et vous êtes au bord des larmes lorsque vous dites aux gens que le kilo de qatayef coûte 20 shekels», explique à l’AFP Muhammad al-Mashal, vendeur de cette pâtisserie traditionnelle.
Outre le «Open Arms» parti de Chypre, quatre bateaux de l’armée américaine ont quitté mardi les États-Unis avec une centaine de soldats et l’équipement nécessaire à la construction d’une jetée et d’un quai à Gaza pour l’acheminement de l’aide d’humanitaire. Le voyage doit prendre 30 jours environ et l’installation sera prête «d’ici 60 jours», selon les autorités américaines.
Mais l’envoi d’aide par voie maritime, comme les parachutages devenus quotidiens ces derniers jours, ne peuvent se substituer à la voie terrestre, martèlent l’ONU et différents acteurs internationaux. «Quand nous étudions les voies alternatives pour apporter de l’aide, par la mer ou par les airs, nous devons nous rappeler que nous devons le faire parce que la voie terrestre habituelle est fermée. Artificiellement fermée», a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. «Et le fait d’affamer la population est utilisé comme une arme de guerre», a-t-il insisté.
«Projet pilote»
L’armée israélienne a annoncé dans la nuit un autre «projet pilote» qui a permis mardi l’entrée de six camions d’aide du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) directement dans le nord de la bande de Gaza, une première.
Depuis le début de la guerre, l’armée israélienne a resserré ses contrôles sur l’aide entrant dans la bande de Gaza, via deux terminaux à la frontière sud du territoire, d’où les appels répétés à ouvrir des points de passage donnant directement sur le nord.
En dépit des pressions internationales, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu continue de plaider pour la poursuivre de l’offensive contre le Hamas jusqu’à Rafah, dernier bastion du mouvement islamiste où s’entassent désormais 1,5 million de Palestiniens, la moitié déplacée par la guerre.
«Laissez-moi être bien clair: Israël remportera cette guerre quoi qu’il en coûte. Et pour gagner cette guerre, Israël doit détruire les derniers bataillons du Hamas à Rafah, sans quoi le Hamas se regroupera pour reconquérir Gaza et nous serons alors de retour à la case départ», a déclaré Benjamin Netanyahu par visioconférence au lobby américain pro-Israël AIPAC.
«Nous allons finir le boulot», a ajouté Benjamin Netanyahu qui s’était engagé à «anéantir» le Hamas après l’attaque menée le 7 octobre par des commandos de ce mouvement infiltrés depuis Gaza en Israël. Au moins 1160 personnes ont été tuées, la plupart des civils, selon un décompte établi par l’AFP à partir de sources officielles israéliennes. Le Hamas a également pris quelque 250 personnes en otages, dont il détient encore environ la moitié.
En représailles, l’armée israélienne a lancé une campagne massive de bombardements contre le territoire exigu contrôlé par le Hamas depuis 2007, suivie 20 jours plus tard d’une offensive terrestre, qui ont fait jusqu’à présent 31’184 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.
Plus d’enfants ont été tués dans la bande de Gaza en quatre mois de guerre avec Israël qu’en quatre ans de conflits à travers le monde, a assuré mardi le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). «Vertigineux. Le nombre d’enfants présumés tués en seulement quatre mois à Gaza est plus élevé que le nombre d’enfants tués en quatre ans dans l’ensemble des conflits à travers le monde», a écrit Philippe Lazzarini sur X, dénonçant une «guerre contre les enfants».
En dépit de plusieurs semaines de négociations, les pays médiateurs -- États-Unis, Qatar, Égypte -- ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve accompagné de libérations d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.
«Nous ne sommes pas près d’un accord», a reconnu mardi le porte-parole de la diplomatie du Qatar, Majed al-Ansari, le Hamas réclamant un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes avant tout accord, ce que le gouvernement israélien refuse, exigeant aussi une liste précise des otages encore vivants.
Nouveaux morts
Mardi, Israël a d’ailleurs annoncé le décès d’un soldat otage à Gaza, Itay Chen, 19 ans, qui avait aussi la nationalité américaine.
À Jérusalem-Est, un adolescent palestinien, Rami Hamdan al-Halhouli, a succombé à ses blessures mardi soir après avoir été touché par un tir des forces de l’ordre israéliennes. Il s’agit du premier mort dans des heurts avec la police israélienne dans la ville sainte depuis le début du ramadan.
Puis dans la nuit, à al-Jib, près de Jérusalem, deux Palestiniens, âgés de 16 et 23 ans, ont été tués par balle dans des affrontements avec les forces israéliennes, selon le Croissant-Rouge palestinien.