FootballLe projet de rêve de Barthélémy Constantin
Un entraîneur pour du long terme, moins d’impulsivité, moins d’argent jeté par les fenêtres: c’est ainsi que le directeur sportif du FC Sion imagine l’avenir.
- par
- Florian Vaney
Barthélémy Constantin a la main lourde au moment de se flageller. Du moins, c’est ce que le directeur sportif laisse transparaître au jour 2 de la vie du FC Sion dans la peau d’une équipe de Challenge League. «J’ai merdé. Et mes erreurs sont à la base de ce qui nous est arrivé.» Soit une saison lancée par les plus fous espoirs d’un premier tour abouti et cohérent, avant de tourner au vinaigre et de s'achever sur la relégation de mardi soir. Avec quelque part là au milieu la greffe de l’encombrant Mario Balotelli. Point par point, Barthélémy Constantin place des mots sur l’un des plus grands échecs sportifs de l’histoire du club.
Le dénouement du barrage
«On était vidés. À la fin, c’était ça ma sensation: le vide. C’est comme si on avait pris un coup d’assommoir. On ne sait plus trop bien ce qu’il se passait. Tout le monde est rentré chez lui, dans le calme. On s’est retrouvés mercredi matin à Riddes pour la réunion de fin de saison. C’était moins joyeux que d’habitude, forcément. Le président a tenu un discours, a laissé sortir son mécontentement.»
Le cas Mario Balotelli
«Un grand échec. Mon échec. Je pensais qu’en lui donnant de l’amour, ça fonctionnerait. Parce que c’est l’élément qui a fait la différence plus tôt dans sa carrière. Mais non… Ça a été le feuilleton de l’été, tout le monde en parlait. En bien ou en mal. Mais nous, notre souhait a toujours été qu’il marque 20 buts dans la saison. On rêvait de gagner la Coupe, de jouer les premiers rôles en championnat. L’objectif initial, c’était celui-ci. Et pour ça, on avait besoin d’un buteur de sa trempe. Après tout, il sortait d’une bonne saison en Turquie. Je sais qu’on a détruit notre bon début de championnat, je me rends compte de l’erreur que j’ai commise.»
«Pourquoi ça n’a pas fonctionné pour lui? Peut-être qu’il ne s’attendait pas à ce traitement-là en Suisse, qu’il imaginait un autre niveau. Et Mario, on le sait, dès qu’il existe un trou quelque part, à côté du foot, il s’y enfile. On l’a protégé, bien sûr (ndlr: jusqu’à inventer parfois des excuses audacieuses pour justifier ses absences). Mais qui ne l’aurait pas fait à notre place? On voulait que ça fonctionne. Et d’ailleurs, on protège n’importe lequel de nos joueurs.»
Les trois passages de témoin sur le banc
«Mario a été l’une de nos grandes erreurs. La gestion des entraîneurs aussi. On l’a vu en fin de saison, les joueurs se trouvaient à bout mentalement. Les changements d’entraîneurs (ndlr: quatre passages différents) ne leur ont pas rendu service. Il nous a manqué un point pour nous sauver. Et ce point, on peut aller le chercher partout. On pourrait parler des erreurs d’arbitrage, mais ce qu’on a présenté sur le terrain ne nous donne pas le droit de nous plaindre. J’aurais aimé que les joueurs se battent davantage, se fassent plus mal, parce qu’ils le pouvaient. Mario Balotelli est l’un d’eux, mais il n’est pas seul.»
«Si l’on va continuer ou arrêter avec Paolo Tramezzani? La question, c’est d’abord de définir précisément les contours du futur projet, ensuite de placer un entraîneur aux commandes.»
Le projet à venir
«Ça va vous faire bizarre d’entendre ça de la part du FC Sion: cette relégation, c’est l’occasion de tout mettre à plat, de repartir de zéro, de lancer un projet réfléchi, sain, avec un entraîneur qui se fixerait à l’équipe sur le long terme. Moins d’impulsivité, moins d’argent jeté par les fenêtres. Les critiques ne me touchent pas. Mais je sais qu’il y en a beaucoup. Et s’il en existe autant, c’est parce qu’on ne mène pas à bien notre mission principale: celle de procurer du plaisir aux gens qui suivent le club.»
«Cette année en Challenge League doit devenir une chance. Par anticipation, on avait commencé à plancher dessus avant la fin de la saison. Désormais, il faut donner vie à ce projet. C’est un travail qui commence maintenant. D’ici quelques jours, les grandes lignes seront connues. Il n’est pas question d’attendre mi-juillet. Sept joueurs arrivent en fin de contrat, on doit décider de ceux avec qui l’on souhaite poursuivre et les autres. Puis revenir aux bases.»