Iran: Au moins huit morts dans l’incendie de la prison iranienne d’Evine

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IranAu moins huit morts dans l’incendie de la prison iranienne d’Evine

Les autorités iraniennes affirment que les troubles à la prison d’Evine n’ont «rien à voir» avec les manifestations qui secouent le pays depuis un mois.

Une image satellite de la prison d’Evine, lundi 17 octobre.

Une image satellite de la prison d’Evine, lundi 17 octobre.

AFP

Au moins huit détenus sont morts dans un incendie à la prison d’Evine, à Téhéran, ont annoncé lundi les autorités, deux jours après les incidents qui ont encore avivé les tensions en Iran, secoué par des manifestations depuis la mort de Mahsa Amini il y a un mois.

Quatre détenus blessés «sont morts à l’hôpital, portant le bilan à huit morts», tous des condamnés pour vol, selon Mizan Online, le site de l’Autorité judiciaire iranienne. Les autorités ont accusé des «voyous» d’avoir «mis le feu samedi soir à un entrepôt de vêtements» dans la prison et fait état de heurts entre prisonniers puis entre détenus et gardiens.

«Ce qui s’est passé à la prison d’Evine était un crime commis par quelques éléments (liés à) l’ennemi», a affirmé le chef de l’Autorité judiciaire Gholamhossein Mohseni Ejei. Les dirigeants iraniens accusent les Occidentaux, notamment les États-Unis, l’ennemi juré de l’Iran, de fomenter les «émeutes», en allusion aux manifestations consécutives à la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini.

Au moins 122 morts

Cette Kurde iranienne de 22 ans avait été arrêtée trois jours plus tôt par la police des mœurs à Téhéran, qui lui reprochait d’avoir enfreint le strict code vestimentaire imposant le port du voile aux femmes. L’agence officielle Irna a affirmé que les troubles à Evine n’avaient «rien à voir» avec les manifestations. Celles-ci se poursuivent malgré la répression qui a fait au moins 122 morts, parmi lesquels des enfants, selon un bilan de l’Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.

L’ONG Center for Human Rights in Iran (CHRI), basée à New York, a mis en ligne, lundi, des vidéos montrant des enfants criant des slogans hostiles au gouvernement à Ispahan, dans le centre de l’Iran, et des étudiants manifestant à l’Université de Mazandaran, dans le nord.

L’ONG Center for Human Rights in Iran (CHRI), basée à New York, a mis en ligne lundi des vidéos montrant des enfants criant des slogans hostiles au gouvernement à Ispahan, dans le centre de l’Iran, et des étudiants manifestant à l’université de Mazandaran, dans le nord. Après les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, l’Union européenne a imposé lundi des sanctions à l’Iran, ciblant notamment la police des mœurs et onze responsables impliqués dans la répression.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, les a qualifiées de «superflues», dans un message sur Twitter. «Les émeutes et le vandalisme ne sont tolérés nulle part; l’Iran ne fait pas exception», a-t-il ajouté. Lundi, le président Ebrahim Raïssi a de nouveau accusé les États-Unis d’être derrière la «sédition» dans son pays, affirmant que l’Iran ne «céderait pas face aux sanctions».

«Mensonge»

Des centaines de personnes arrêtées lors des protestations contre la mort de Mahsa Amini auraient été envoyées à la prison d’Evine. Parmi elles, des manifestants mais aussi des journalistes, des intellectuels, des militants, des artistes, des avocats. Des ONG ont mis en doute la version des autorités sur les troubles au centre de détention, connu pour ses mauvais traitements infligés aux détenus politiques et où sont emprisonnés des étrangers.

«Vu combien le mensonge des responsables officiels est devenu normal, nous n’acceptons pas les explications officielles», a dit l’IHR, estimant aussi que «le nombre de personnes tuées à Evine est probablement plus élevé que le chiffre officiel». Sur des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, des coups de feu et des explosions ont été entendus le soir de l’incendie aux abords de la prison.

Après le sinistre, des ONG ainsi que les États-Unis et la France se sont dits inquiets pour les prisonniers, mais plusieurs détenus étrangers ont pu contacter leurs familles. Parmi les étrangers à Evine figurent l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah et l’Américain Siamak Namazi, qui sont en sécurité.

Selon un avocat iranien, Saeid Dehghan, 19 avocats qui voulaient défendre les personnes arrêtées durant les manifestations ont eux aussi été interpellés. La vague de contestation en Iran est la plus importante depuis celle de 2019 contre la hausse du prix de l’essence dans ce pays.

(AFP)

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