MilitantismeMort de Daniel Defert, compagnon de Foucault et fondateur de Aides
Le militant anti-sida est décédé mardi à l’âge de 85 ans.
Le sociologue et militant contre le sida Daniel Defert, fondateur de l’association Aides et qui fut le compagnon du philosophe Michel Foucault pendant plus de 20 ans, est décédé mardi à l’âge de 85 ans, a annoncé l’association qu’il avait fondée et présidée jusqu’en 1991. Daniel Defert a contribué à «briser la chape de plomb entourant le VIH/sida», et à combattre les «stigmatisations», lui a rendu hommage Aides dans un communiqué.
L’universitaire, qui «laisse derrière lui le souvenir indélébile d’une vie militante», avait compris que «le silence et les stigmatisations» des personnes atteintes par le virus entravaient «la mise en place d’une réelle mobilisation, d’outils adaptés et de solutions efficaces», a poursuivi l’association. «Nous poursuivrons sa lutte, notre lutte», a-t-elle ajouté.
Daniel Defert a «remis le patient au centre» de la lutte contre le sida, a observé pour sa part Aurélien Beaucamp, vice-président d’Aides, qui en fut le président de 2015 à 2021. «Sans lui, on n’en serait pas là aujourd’hui», a rappelé le militant à l’AFP: à l’époque de la création d’Aides, en 1984, «on n’avait ni test, ni traitement, et les malades étaient victimes d’un ostracisme très fort».
Agrégé de philosophie et militant de la «gauche prolétarienne clandestine», Daniel Defert avait fondé Aides quelques mois après le décès de son célèbre compagnon Michel Foucault, en juin 1984 à l’âge de 57 ans. «Nous avions milité ensemble, et c’était un peu mon travail de deuil de continuer un travail militant», expliquait-il en 2000.
Création du Groupe d’information sur les prisons (GIP) en 1971
Ce sont les «mensonges» et les «malentendus», autrement dit les non-dits entourant la mort de Foucault, qui l’avaient conduit à s’engager dans ce combat, avait-il également expliqué en 1996. «J’ai voulu vivre ce deuil en continuant une histoire commune autour d’un enjeu éthique de prise de parole».
Aides, «née de la colère et du deuil, deviendra la première association française de lutte contre le VIH/sida en France, et un hommage vivant, incarné et militant à son compagnon de lutte», a souligné mardi l’association.
Avec Foucault, il avait également participé en 1971 à la création de l’éphémère Groupe d’information sur les prisons (GIP), qui ambitionnait de donner la parole aux détenus, d’alerter sur les conditions de détention et de porter une réflexion sur le sens de l’incarcération.
«C’est un combattant dont la voix manquera», a réagi sur Twitter la maire PS de Paris Anne Hidalgo. «Les militant.es de la lutte contre le sida lui doivent tant. Il nous a montré le chemin. Il est notre pionnier», a également souligné Jean-Luc Romero-Michel, son adjoint chargé de la Lutte contre les discriminations.