Cisjordanie occupéeLe président palestinien attendu, une semaine après un raid meurtrier
La ville de Jénine et son camp ont été le théâtre d’une violente opération israélienne la semaine dernière. Le président palestinien Mahmoud Abbas s’est rendu sur place pour la première fois en une décennie.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a promis mercredi de reconstruire le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, visé début juillet par une opération militaire israélienne meurtrière, lors de sa première visite dans la région depuis plus de dix ans, une semaine après un raid israélien meurtrier. La ville de Jénine ainsi que son camp de réfugiés adjacent ont été le théâtre d’une opération de 48 heures, la plus importante qu’Israël ait menée depuis des années en Cisjordanie occupée.
Le camp de Jénine est une «icône de la résistance, de la lutte et du défi», a déclaré Mahmoud Abbas dans un bref discours, acclamé par une foule de partisans. Les 3 et 4 juillet, la ville de Jénine et le camp de réfugiés voisin ont été le théâtre d’une opération de 48 heures, la plus importante menée depuis des années par Israël en Cisjordanie, territoire sous occupation israélienne depuis 1967.
Une centaine de maisons détruites
Douze Palestiniens et un soldat israélien ont été tués lors de ce raid qui a mobilisé des centaines de soldats, des drones et des bulldozers de l’armée israélienne, endommageant des dizaines de maisons, d’écoles et de rues. Durant le raid israélien, les infrastructures du camp ont été gravement endommagées: huit kilomètres de canalisations d’eau et trois kilomètres d’égouts ont été détruits, selon les Nations unies. Plus de 100 maisons ont été endommagées et un certain nombre d’écoles ont subi des dégâts légers.
«Notre État restera uni (...) et nous affronterons quiconque portera atteinte à son unité et à sa sécurité», a ajouté le président palestinien. «Nous travaillons à présent à une reconstruction immédiate, pour ramener le pays à ce qu’il était, voire mieux», a-t-il dit avant de conclure sa visite.
Pouvoir remis en question
La dernière visite de M. Abbas dans le camp de réfugiés remonte à décembre 2004 alors qu’il était candidat aux élections présidentielles palestiniennes après le décès de l’emblématique dirigeant palestinien Yasser Arafat. M. Abbas s’est aussi rendu dans la ville de Jénine en 2012, mais sans visiter le camp qui a progressivement échappé au contrôle des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne au profit des groupes armés locaux.
Pour Hugh Lovatt, chercheur au Conseil européen des relations internationales, cette visite du président palestinien vise à «montrer que l’Autorité palestinienne contrôle Jénine». Mais elle aura un impact limité «étant donné la crise de légitimité croissante à laquelle elle est confrontée et l’essor des groupes armés palestiniens», prédit-il.
Symbole de la lutte palestinienne
Plusieurs pays arabes ont annoncé une aide pour le camp de Jénine, après l’opération israélienne dans cette région du nord de la Cisjordanie théoriquement sous le contrôle de l’Autorité palestinienne.
Fondé en 1953, le camp de réfugiés accueille environ 18’000 habitants faisant partie des 760’000 Palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de chez eux au moment de la création de l’État d’Israël en 1948. Avec le temps, les tentes ont été remplacées par des maisons et le lieu ressemble maintenant à un quartier de la ville de Jénine.
Il est devenu le symbole de la lutte palestinienne contre Israël, qui le considère comme «une plaque tournante du terrorisme». L’armée israélienne mène régulièrement des raids dans le nord de la Cisjordanie, territoire qu’elle occupe depuis 1967 et bastion de groupes armés palestiniens.