Vaud: Victime puis bourreau, il demande à être soigné

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VaudVictime puis bourreau, il demande à être soigné

Une victime du sadique de Romont a été jugée à son tour pour viol sur mineure hier. L’homme a reconnu les faits, sans pour autant s’en souvenir.

Marc Fragnière
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Marc Fragnière
L’accusé a donné l’impression de vouloir suivre un traitement et changer pour de bon (image prétexte).

L’accusé a donné l’impression de vouloir suivre un traitement et changer pour de bon (image prétexte).

Getty Images

C’est le procès d’un prévenu hors norme qui s’est tenu devant la Cour correctionnelle, lundi à Yverdon. L’homme jugé n’était autre qu’une victime du sadique de Romont (FR). En 1987, Jean*, âgé de 16 ans, avait subi les pires atrocités de la part du tueur en série, qui l’avait laissé pour mort. Ce quinquagénaire, rasé de près et tiré à quatre épingles, qui comparaissait hier, est accusé d’avoir à son tour violé Tina*, âgée de 14 ans, en 2008. En 2015, il avait écopé de 3 ans et demi de prison pour des faits de même gravité perpétrés à la même période sur son fils et ses deux belles-filles. Il avait alors nié les faits.

Du déni à la reconnaissance

Ça n’a pas été le cas hier. Jean* a fait amende honorable. «Je reconnais les faits et je m’en excuse pleinement», a-t-il déclaré d’emblée, avant de préciser ne pas en avoir le moindre souvenir. Une amnésie pas forcément feinte, selon l’expert psychiatre présent, particulièrement pour un patient chez qui on a diagnostiqué «une modification durable de la personnalité après une catastrophe». Le changement de posture de Jean, passé du déni farouche à la reconnaissance de faits et aux excuses – y compris pour l’affaire jugée en 2015 –, a à la fois questionné et réjoui la Cour.

Long chemin thérapeutique

D’autant plus que l’homme a répété: «Je veux être soigné!» Le déclic se serait produit grâce à un mot prononcé par le procureur lors d’une audition. Toutefois, le chemin thérapeutique est encore long. Mais le Ministère public, qui a presque intégralement plaidé à décharge, «voit une évolution impressionnante». Au point de requérir une peine de prison de 24 mois, qu’il souhaite voir suspendue au profit d’un traitement ambulatoire. Verdict jeudi. 
* Prénoms d’emprunt

«Je ne veux pas détruire sa vie comme il l’a fait avec moi»

En l’absence de celui qui l’a violée en 2008, auquel elle n’a pas souhaité être confrontée, Tina*, une femme au visage rond et aux cheveux attachés, s’est présentée en short et en T-shirt. Quand la présidente du tribunal lui a demandé ce qu’elle attendait du procès, la victime a déclaré: «Que la justice m’aide à me libérer de tout ça, et des excuses du prévenu.» Avant d’ajouter: «Comme il n’y a pas eu de récidive depuis quinze ans, je ne veux pas détruire sa vie comme il a détruit la mienne en le faisant retourner en prison.»

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